La séance plénière du jeudi 8 mai à l’Assemblée nationale de la RDC a viré au règlement de comptes institutionnel. Le refus catégorique du bureau parlementaire de recevoir la lettre adressée au directeur général de la Régie des Voies Aériennes (RVA), convoqué dans le cadre d’une question orale sur la controversée redevance Go-pass, a enflammé l’hémicycle. Un incident perçu comme un « outrage » par les députés, déclenchant une demande unanime de sanctions contre ce haut fonctionnaire.
Le député Baudouin Mayo Mambeki a mené la charge, fustigeant « un comportement inacceptable qui ridiculise le pouvoir législatif ». Son appel à traduire le DG de la RVA en justice pour mépris du Parlement, salué par des applaudissements nourris, souligne la fracture grandissante entre l’exécutif et les représentants du peuple. « Que reste-t-il de notre autorité si chaque administré se permet de nous défier ? », a-t-il lancé, question rhétorique qui résume le malaise ambiant.
Dans une tentative d’apaisement teintée de spiritualité, le président Vital Kamerhe a invoqué une métaphore biblique éloquente : « La colère de Dieu est lente, mais lorsqu’elle arrive, elle est bonne ». Une manière détournée d’admettre les tensions tout en relayant la version de la RVA, qui invoque la fermeture de ses bureaux le jour de la convocation pour justifier ce qu’elle qualifie de « malentendu ». Une explication accueillie avec scepticisme par des parlementaires visiblement lassés des arguties administratives.
Au cœur du cyclone : la redevance Go-pass de 50$, prélevée depuis 2023 sur chaque voyageur transitant par l’aéroport de Ndjili. Le député Claude Misare, initiateur de la question orale, exige des clarifications sur l’utilisation de ces fonds estimés à plusieurs millions de dollars annuels. « Comment justifier ce prélèvement perçu comme un impôt déguisé, alors que les infrastructures aéroportuaires peinent à se moderniser ? », interroge-t-on dans les couloirs du Palais du Peuple.
Cet épisode cristallise les défis de la gouvernance congolaise : contrôle parlementaire versus opacité des entreprises publiques, colère populaire face aux taxes perçues comme confiscatoires, et jeu de pouvoir entre institutions. La suite des événements dépendra de la capacité du bureau de l’Assemblée à imposer son autorité – peut-être par des sanctions symboliques – tout en évitant une escalade contreproductive avec la RVA, établissement clé pour les finances de l’État.
Jusqu’où ira cette crise institutionnelle ? La réponse se niche peut-être dans le calendrier parlementaire : le débat sur le Go-pass, reporté mais pas annulé, pourrait servir de test pour redéfinir les rapports de force à l’approche des échéances électorales. Reste à savoir si les députés transformeront leur indignation en action législative concrète, ou si cette tempête politique ne sera qu’un feu de paille dans le paysage tumultueux de la démocratie congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd