Cent jours après la chute de Goma sous le contrôle du M23, une lourde chape de plomb pèse sur la capitale du Nord-Kivu. Les témoignages recueillis par Radio Okapi dressent un tableau alarmant : insécurité chronique, économie asphyxiée et violations systématiques des droits fondamentaux. Où en est la population face à cette crise multidimensionnelle ?
Un quotidien sous terreur
Les check-points rebelles jalonnent la ville, rappel constant de l’occupation militaire. Les déplacements s’effectuent sous la menace des armes, selon des habitants interrogés sous anonymat. « On vit avec la peur au ventre », confie un commerçant du centre-ville, dont l’activité a chuté de 70%.
L’effondrement économique
La paralysie économique Nord-Kivu atteint des niveaux critiques. Les institutions bancaires restent fermées depuis trois mois, bloquant l’accès aux liquidités. Les prix du carburant ont quadruplé, entraînant une flambée générale des denrées alimentaires. Le trafic minier – poumon économique régional – est désormais taxé à 30% par les rebelles.
Crimes en série
Plusieurs ONG locales documentent des violations droits humains RDC d’une ampleur inédite. Le dernier rapport de la société civile fait état de 187 exécutions extrajudiciaires et 94 cas de violences sexuelles attribués au M23. « Les jeunes garçons sont enrôlés de force dans les rangs rebelles », dénonce un responsable humanitaire sous couvert d’anonymat.
Fragiles lueurs d’espoir
Malgré la crise sécuritaire Nord-Kivu, certains signaux témoignent de la résilience populaire. Le trafic lacustre Goma-Bukavu a repris à 40% de sa capacité, permettant un approvisionnement minimal. Les écoles ont rouvert leurs portes dans 60% des quartiers, bien que les effectifs scolaires aient chuté de moitié.
Impasse politique
Les pourparlers de Luanda restent dans l’impasse tandis que le M23 étend son emprise sur de nouvelles localités. L’aéroport international de Goma, clé vitale pour l’aide humanitaire, demeure fermé. « Nous sommes pris en étau entre les rebelles et l’inaction internationale », déplore une figure religieuse contactée par nos soins.
Alors que les combats se rapprochent de Sake, à 30 km à l’ouest, la communauté humanitaire redoute une nouvelle vague de déplacés. Avec 2,3 millions de personnes déjà en situation d’urgence alimentaire dans la province, l’occupation Goma risque de faire basculer toute la région dans la catastrophe humanitaire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net