Plus que jamais, la République démocratique du Congo vit une semaine placée sous le sceau de la crise multiforme. Pendant que l’Est s’enfonce entre violences armées, vagues de déplacés et menaces d’épidémies, la scène politique s’agite, rythmée par les procédures d’impeachment, l’arrestation de figures de l’exécutif et les appels pressants à des réformes institutionnelles. La pression internationale retrouve son intensité, tandis que la société civile sonne l’alerte. Que nous dit ce chassé-croisé entre sécurité défaillante, gouvernance chancelante et détresse humanitaire ? Un appel à la refondation collective de notre nation.
Le Kivu s’embrase, la peur et l’exode deviennent le lot quotidien des habitants : affrontements fratricides entre milices et armée nationale, violations massives des droits humains, morts de civils et déplacement sans précédent de populations. La Croix-Rouge, seule lueur d’espoir pour plus de 70 000 personnes, ne cache plus son inquiétude. Autour de cette tragédie, la mobilisation internationale — qu’elle émane de l’Union africaine, de l’Union européenne ou de l’ONU — redouble d’intensité, mais peine encore à transformer les déclarations en réalité sécuritaire durable. L’Europe durcit le ton contre le Rwanda, l’Amérique propose une médiation… Pourtant, sur le terrain, la violence et l’enracinement du chaos ne faiblissent pas.
Cette insécurité chronique sape tout effort de développement. Elle aggrave la crise humanitaire : épidémies de choléra déclarées dans sept provinces (plus de 1 000 cas déjà recensés), déplacement de plus de six millions de Congolais, écoles fermées, accès à l’eau et aux soins réduit à peau de chagrin. À cette détresse, s’ajoutent catastrophes naturelles et exactions économiques ou environnementales (inondations meurtrières à Sud-Kivu, villages engloutis autour du lac Tanganyika, criminalité banalisée à Bukavu et à Kinshasa, naufrages à répétition sur les fleuves du pays). Devant cette hémorragie, nos institutions semblent en sursis.
Sur le front politique, la crise n’est pas moins aiguë. Gouverneurs destitués (procédures historiques contre le gouverneur du Kasaï-Oriental), interpellation musclées (l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi), bras de fer entre l’Assemblée nationale et les têtes d’agences publiques… La confrontation institutionnelle se joue sur un fond continu de débats : réformes électorales exigées avant 2028, société civile exigeant transparence et fin du pillage, opposants dénonçant une « muselière politique » via la question des passeports, questions de légitimité dans les nominations ou limogeages.
Pendant ce temps, la vie démocratique demeure en suspens, menacée par la peur, la lassitude, la crise économique et la perte de confiance qui minent toute stabilité.
Face à ce tableau sombre, des germes d’espoir persistent : intégration d’un millier de personnes handicapées dans l’administration, efforts diplomatiques multilatéraux pour le retour de la paix, campagnes de vaccinations massives, mobilisation inédite de la société civile au chevet des plus vulnérables. Mais, l’enjeu crucial reste la restauration d’une gouvernance efficace et le retour d’une sécurité qui ne soit ni le fait du hasard ni celui de la seule communauté internationale. Nos dirigeants sont au pied du mur : protéger le peuple, garantir l’équité, réformer sans détour les dispositifs institutionnels, et agir pour ne pas faire de la RDC un État constamment dépendant de l’aide et de la compassion extérieures.
La RDC avance au bord d’un gouffre, menacée d’un éclatement permanent entre effondrement sécuritaire, crise sociale et paralysie politique. Nous ne pouvons plus nous contenter d’analyses à distance ni nous renvoyer la faute à l’international : il est urgent d’exiger une refondation réelle de la gouvernance, une pacification de l’Est basée sur la justice et l’inclusion, et un contrat social remis à jour. Citoyens, société civile et décideurs : cette semaine marque un tournant. Refusons la fatalité, faisons masse pour une nation debout, confiante en ses propres solutions et solidaire face à l’adversité.
— La Rédaction de CongoQuotidien