La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a conclu jeudi 8 mai 2025 une visite officielle en République démocratique du Congo marquée par des discussions stratégiques sur l’urgence humanitaire dans l’est du pays. Au cœur des échanges avec le gouvernement congolais : la protection des civils piégés dans les conflits armés et le renforcement du droit international humanitaire.
Les rencontres à Kinshasa, incluant la Première ministre Judith Suminwa Tuluka et le ministre de la Défense Guy Kabombo Muadiamvita, ont mis en lumière l’opération en cours de transfert de centaines de militaires et policiers désarmés depuis Goma. Une initiative présentée comme « un geste de confiance » dans le rôle d’intermédiaire neutre du CICR, selon le communiqué de l’organisation. Mais au-delà de ce volet logistique, c’est surtout la situation des populations civiles qui a dominé les débats. Comment concilier impératifs militaires et protection des non-combattants dans une région où les groupes armés multiplient les attaques ?
Le timing de cette visite coïncide avec la participation de la RDC à l’Initiative mondiale pour le respect du droit humanitaire lancée en septembre 2024. Un projet ambitieux porté par six États, mais dont l’application sur le terrain congolais reste un défi complexe. « Les règles de la guerre ne sont pas des options négociables », a rappelé Mme Spoljaric lors d’un point presse, soulignant la nécessité d’une « mobilisation politique accrue ».
Sur le plan opérationnel, le renforcement des liens avec la Croix-Rouge congolaise apparaît comme un levier clé. Les discussions avec son président Grégoire Mateso Mbuta Way ont porté sur la coordination des secours d’urgence et la réunification des familles séparées par les violences. Un enjeu crucial dans un pays où le CICR opère depuis 1978, avec des programmes allant de l’assistance médicale au soutien aux victimes de violences sexuelles.
Cette visite intervient dans un contexte sécuritaire volatil, où chaque initiative humanitaire doit composer avec des réalités militaires et politiques explosives. Si les autorités congolaises affichent leur volonté de collaboration, la mise en œuvre concrète des principes humanitaires se heurte quotidiennement à l’implacable logique des conflits. La question reste entière : comment transformer les engagements de Kinshasa en protection tangible pour les civils de l’Est ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd