Dans un contexte de tensions persistantes à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), le Togo accentue son rôle diplomatique sur la scène africaine. Ce vendredi, le Premier ministre togolais Faure Essozimna Gnassingbé a reçu une délégation qatarie de haut niveau à Lomé, marquant une étape significative dans la coopération Qatar-Togo tout en relançant les espoirs de médiation dans la crise Est RDC.
Un partenariat stratégique qui se consolide
Le ministre d’État qatari aux Affaires étrangères, Dr Mohammed bin Abdulaziz Al Khulafi, n’a pas caché sa satisfaction : « Nous sommes vraiment fiers du niveau de coopération entre l’État du Qatar et le Togo ». Cette visite travail s’inscrit dans une dynamique de renforcement des échanges économiques et sécuritaires, le Qatar apportant son soutien financier et logistique aux initiatives togolaises.
La médiation togolaise sous le feu des projecteurs
Mais le cœur des discussions a porté sur le dossier épineux de la médiation Togo RDC Rwanda. Depuis sa désignation par l’Union africaine le 13 avril 2025 comme successeur de João Lourenço dans le processus Luanda-Nairobi, Faure Gnassingbé multiplie les consultations. « Nous travaillons en pleine coordination pour faciliter les pourparlers entre les deux parties », a précisé le diplomate qatari, confirmant l’implication croissante de Doha dans ce conflit régional.
Quelles chances de succès pour cette nouvelle initiative ?
Les défis restent immenses. La récente visite à Kinshasa du ministre Robert Dussey, porteur d’un message présidentiel, illustre la complexité des négociations. Si le Qatar apporte une caution internationale et des moyens substantiels, certains observateurs s’interrogent : cette médiation parviendra-t-elle à dépasser les échecs précédents alors que les groupes armés continuent de semer la terreur au Nord-Kivu ?
Un équilibre géopolitique à haut risque
L’enjeu dépasse largement le cadre régional. En s’impliquant dans ce dossier, le Togo et son partenaire qatari positionnent habilement leurs pions sur l’échiquier diplomatique africain. Mais cette stratégie n’est pas sans danger : elle place Faure Gnassingbé médiateur dans un rôle de funambule entre Kinshasa et Kigali, tandis que le Qatar étend son influence en Afrique francophone.
Alors que les pourparlers se poursuivent dans la plus grande discrétion, une question cruciale subsiste : cette alliance inédite entre Lomé et Doha parviendra-t-elle à apporter une solution durable à l’une des crises les plus complexes du continent ? La réponse se jouera peut-être dans les prochaines semaines, au rythme des rencontres diplomatiques et des avancées sur le terrain.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd