Dans un pays où les défis éducatifs se heurtent souvent aux réalités sécuritaires, une initiative inédite voit le jour à Beni. La MONUSCO, appuyée par l’ONG MESAS, lance un projet d’éducation au sein de l’Établissement de garde et d’éducation des enfants (EGEE). Mais comment transformer une prison en salle de classe ?
Ce programme, axé sur la réhabilitation des enfants détenus, mise sur l’éducation civique et linguistique pour préparer leur réinsertion. « La place de l’enfant n’est pas ici, mais à l’école », rappelle Sefu Kambale Kyalire, directeur de l’EGEE Beni. Un constat amer qui souligne l’urgence d’agir dans cette région du Nord-Kivu, épicentre de crises récurrentes.
Les 42 pensionnaires – dont seulement deux filles – suivent désormais des cours hybrides : éducation à la citoyenneté, français, anglais et culture générale. « Nous voulons qu’ils repensent leur rôle dans la société », explique Grace Paluku Kasayi de MESAS. Une approche qui interroge : l’éducation peut-elle être un vaccin contre la récidive dans des zones post-conflit ?
Ce projet s’inscrit dans une logique de justice restaurative. Plutôt que de punir, il reconstruit. Les formateurs insistent sur la déconstruction des stéréotypes violents – cruciaux dans une province marquée par les groupes armés. Reste un défi de taille : comment pérenniser ces actions quand la MONUSCO entame son retrait progressif de RDC ?
Les premiers résultats semblent prometteurs. Plusieurs enfants ont pu reprendre le chemin de l’école classique après leur passage à l’EGEE. Preuve que l’éducation en milieu carcéral n’est pas une utopie, mais nécessite des moyens adaptés. Le défi maintenant ? Étendre ce modèle à d’autres centres de détention juvénile du pays.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net