Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika en République démocratique du Congo, est confrontée à une situation dramatique. Les pluies torrentielles des 5 et 6 mai 2025 ont provoqué des inondations dévastatrices, causant la mort d’au moins quatre personnes et laissant des milliers de familles sans abri.
Une ville engloutie
Les rivières Lubuye et Kalemie ont quitté leur lit, submergeant des quartiers entiers tels que Lukuga, Kituku, Industrielle et le port de Kalemie. Des centaines de maisons se sont effondrées, des écoles ont été détruites, et les infrastructures essentielles, y compris le port public et les installations de la Société Nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC), sont hors service.
Le sénateur Ramazani Masudi a alerté le Sénat sur l’ampleur de la catastrophe, soulignant que le lac Tanganyika, recevant les eaux de plusieurs pays voisins, déborde en raison de l’envasement de son unique exutoire, la rivière Lukuga.
Une réponse insuffisante
Face à cette crise, les autorités locales ont relogé temporairement certaines familles à l’école de la police de Kalemie. Cependant, de nombreux sinistrés dénoncent l’absence d’assistance gouvernementale, malgré les appels répétés à déclarer Kalemie comme zone sinistrée.
La société civile pointe du doigt l’inaction des autorités face à une situation récurrente, exacerbée par le manque d’entretien des infrastructures hydrauliques et l’urbanisation anarchique.
Un projet de modernisation portuaire en cours
Paradoxalement, alors que la ville est submergée, un projet ambitieux de modernisation du port de Kalemie a été lancé. Le 1er avril 2025, un accord public-privé a été signé entre le gouvernement congolais et un consortium composé de Jintai Mining PTE Ltd et Tembo Majengo Company SARL. Ce projet, d’un investissement initial de 70 millions de dollars, vise à augmenter la capacité de traitement du port à 2 millions de tonnes de marchandises par an d’ici fin 2026.
Ce développement est perçu comme une lueur d’espoir pour la relance économique de la région, mais il soulève également des questions sur les priorités en matière d’infrastructures et de gestion des risques naturels.
Un appel à l’action
La situation à Kalemie illustre la vulnérabilité croissante des villes africaines face aux catastrophes naturelles, exacerbées par le changement climatique et le manque de planification urbaine. Il est impératif que les autorités locales et nationales mettent en place des mesures durables pour prévenir de telles tragédies à l’avenir.
En attendant, les habitants de Kalemie continuent de lutter pour leur survie, espérant que leur cri d’alarme sera enfin entendu.