« Nous devons briser le plafond de verre avec nos compétences », lance Elysée Chovu, directrice générale de l’Institut national de la statistique (INS), devant une salle comble à Kinshasa. Son discours, vibrante sonnette d’alarme, résonne comme un défi lancé aux professionnelles congolaises. Ce vendredi 8 mai, l’institution a transformé ses locaux en arène de combat contre les inégalités de genre, lors d’une matinée dédiée à la parité professionnelle.
Des centaines de participantes écoutent, certaines hochant la tête au rythme des chiffres chocs. L’INS révèle que seulement 32% des postes décisionnels en RDC sont occupés par des femmes. « Ces données, nous les produisons pour éclairer les politiques publiques », souligne Mme Chovu, martelant l’engagement de son institution à fournir des statistiques genre Congo fiables. Un levier crucial alors que le gouvernement planche sur sa stratégie nationale pour l’autonomisation économique des femmes d’ici 2025.
Jacky Kabwe, cheffe de division des compétences professionnelles, prend le relais avec un témoignage poignant : « Quand j’ai dirigé ma première équipe mixte, certains collègues masculins refusaient de me passer les rapports de terrain. J’ai dû prouver deux fois plus ma valeur. » La salle murmure – ces situations résonnent comme un quotidien partagé.
L’événement, calé entre la journée internationale femme 2025 et celle du travail, déploie une feuille de route ambitieuse. Formation continue, mentorat inversé, plaidoyer pour des quotas intelligents… Les solutions fusent. « La parité professionnelle femmes RDC ne se décrète pas, elle se construit », corrige Adolphine Mianda, directrice de la documentation, rappelant que l’égalité réelle nécessite des changements structurels.
Mais comment transformer ces engagements en réalité tangible ? L’INS promet un observatoire des inégalités salariales d’ici fin 2026. Un projet qui dépendra des prochaines enquêtes ménages et recensements entreprises. « C’est notre contribution à la justice sociale », explique la DG, tandis que des participantes brandissent des copies du dernier rapport sur l’emploi féminin dans le secteur public.
La route reste escarpée. Si 45% des diplômés universitaires sont des femmes, leur représentation chute à 18% dans les comités de direction. Un paradoxe qui interroge les stéréotypes persistants. « Combien de talents perdons-nous par inertie culturelle ? » lance une jeune statisticienne dans le débat final, suscitant un silence lourd de sens.
Cette matinée historique pourrait marquer un tournant. En intégrant les statistiques genre Congo dans les indicateurs de développement, l’INS positionne l’égalité professionnelle comme pilier de la croissance nationale. Reste à voir si les entreprises et institutions suivront cette feuille de route chiffrée – véritable boussole pour la décennie à venir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net