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Aide alimentaire en Ituri : 20 000 déplacés secourus, mais l’urgence persiste

Dans les collines arides de Lopa, territoire de Djugu, le sac de farine de maïs que serre Mama Julienne contre sa poitrine incarne bien plus qu’une ration mensuelle. « Depuis trois saisons, nos champs sont devenus des champs de mort », confie cette mère de cinq enfants, voix tremblante. Comme elle, 20 000 déplacés ont reçu cette semaine une aide alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM), une bouffée d’oxygène dans une région étouffée par l’insécurité chronique des miliciens CODECO.

Farine de maïs, huile végétale, sel : ces denrées distribuées sur 17 sites – de Lindji à Linzi – soulagent temporairement des familles coincées entre la faim et la peur. « Les récoltes ? Impossible de cultiver quand on fuit les machettes chaque lune », lance un ancien cultivateur du site de Banga, les yeux rivés sur l’horizon où fument encore des villages abandonnés.

Un calme précaire sous surveillance militaire

Si les patrouilles conjointes FARDC-UPDF ont ramené une accalmie relative, le territoire de Djugu reste une poudrière. « La CODECo recule, mais persiste dans les zones reculées », alerte Gédéon Dino, président de la société civile locale. Son constat glace le sang : « 20 000 autres déplacés sont oubliés des radars humanitaires. Leurs enfants ont le ventre gonflé par la malnutrition. »

L’aide d’urgence, pansement sur une fracture sociale

Le PAM a-t-il les moyens de colmater cette brèche humanitaire ? Si l’agence onusienne parvient à stabiliser la situation alimentaire, son intervention bute sur un mur de défis logistiques et sécuritaires. « Nous priorisons les zones accessibles sans escorte militaire », explique sous couvert d’anonymat un travailleur humanitaire.

Mais derrière les sacs de vivres se profile une crise plus profonde. « Que restera-t-il quand le dernier sac de farine sera distribué ? », interroge amèrement un chef communautaire à Iga Barrière. Les déplacés, unanimes, réclament un retour durable dans leurs terres. « La paix, pas la farine, nous rendra notre dignité », insiste Mama Julienne.

Le piège de la dépendance alimentaire

Cette distribution du PAM, bien que vitale, risque d’ancrer une dangereuse dynamique. « Sans accès aux champs ni programmes de relance agricole, les déplacés deviennent prisonniers de l’aide internationale », analyse un agronome local. La société civile de Djugu plaide pour des kits agricoles et une sécurisation des zones de culture – un vœu pieu tant que les milices tiendront les campagnes.

Alors que Bunia célèbre le retrait partiel de la CODECO, les sites de déplacés rappellent cruellement le prix humain de cette guerre oubliée. Entre deux distributions alimentaires, c’est tout un équilibre social qui se délite. Combien de générations grandiront loin de leurs terres, le regard fixé sur les convois du PAM ? La réponse dépendra moins des sacs de farine que des décisions politiques – locales et internationales – pour trancher le nœud sécuritaire de l’Ituri.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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