Sur le parvis du ministère de la Fonction publique, une foule électrisée retenait son souffle ce jeudi 8 mai. Des mains qui signent l’histoire : 2 000 nominations dont 1 200 personnes handicapées intègrent l’administration congolaise. « C’est la fin d’une longue nuit d’exclusion », souffle Albertine, 34 ans, future agent comptable atteinte de paralysie motrice, en ajustant sa béquille. Son regard brillant résume à lui seul l’ampleur de cette révolution silencieuse.
La ministre déléguée Irène Esambo n’a pas caché son émotion : « Cet arrêté enterre des décennies de discrimination. Maintenant, le fauteuil roulant aura droit de cité dans les bureaux de l’État ». Une déclaration qui résonne comme un coup de marteau sur les chaînes de l’apartheid social. Mais derrière les discours, quelle réalité attend ces nouveaux fonctionnaires ?
Avec 40% de postres réservés aux valides via des concours nationaux, le gouvernement tente un équilibre périlleux. Jean-Pierre Lihau, vice-Premier ministre, lance un avertissement solennel aux récipiendaires : « Votre handicap ne sera jamais une excuse. La Nation exige excellence et dévouement ». Un message qui interroge : l’administration est-elle prête à adapter ses infrastructures et ses mentalités ?
Dans les couloirs du pouvoir, certains murmurent déjà. « Comment garantir l’égalité des chances quand les bâtiments publics restent inaccessibles ? », s’interroge un haut fonctionnaire sous couvert d’anonymat. Les défis sont titanesques : rampes d’accès manquantes, logiciels adaptés absents, préjugés tenaces. La réforme sociale congolaise saura-t-elle transformer l’essai ?
Pourtant, l’espoir domine. Ce recrutement massif dans la fonction publique RDC dépasse les simples quotas. Il redéfinit le contrat social congolais. En intégrant 60% de personnes handicapées, le pays envoie un signal fort à toute l’Afrique. Mais gare aux effets d’annonce : le vrai travail commence maintenant. Les mots devront devenir actes, les promesses se muer en politiques pérennes.
Cette audacieuse politique d’inclusion handicap Congo pose une question cruciale : et si la différence devenait enfin une richesse nationale ? Le chemin sera long, mais les premiers pas historiques sont franchis. Reste à savoir si cette main tendue aux exclus de l’administration saura transformer la gouvernance publique… ou si elle ne sera qu’une généreuse illusion.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
