Dans un contexte marqué par des déficits énergétiques chroniques, la République Démocratique du Congo (RDC) et le Japon ont franchi une étape décisive vendredi 9 mai. La signature d’un avenant à l’Accord Japon RDC, portant sur un financement japonais de 27 millions de dollars, vise à stabiliser l’alimentation électrique dans plusieurs zones de Kinshasa. Un projet qui pourrait redessiner le paysage énergétique de la capitale congolaise, où moins de 20% de la population bénéficie d’un accès régulier à l’électricité.
Concrètement, le projet électricité Kinshasa cible deux pôles stratégiques : le district de Mont Amba (Lemba, Matete, Ngaba, Kinsenso) et le quartier industriel de Kingabwa à Limete. Ces zones, nerveux économique et démographique de la métropole, subissent des coupures pouvant excéder 15 heures quotidiennes selon des rapports sectoriels. « Cette initiative va permettre d’installer des transformateurs haute capacité et de moderniser le réseau de distribution », précise un communiqué conjoint.
Mais pourquoi ce partenariat revêt-il un caractère urgent ? Avec une demande énergétique en croissance de 8% annuel selon la Banque Mondiale, Kinshasa affronte un paradoxe : être assise sur un potentiel hydroélectrique de 100 000 MW tout en important de l’électricité de Zambie. Les experts pointent un réseau vétuste, responsable de pertes techniques estimées à 35% – le double de la moyenne subsaharienne.
L’amélioration énergie RDC via ce projet japonais s’articule autour de trois axes : renforcement des infrastructures, formation technique et gestion optimisée des flux. Une approche holistique saluée par les économistes. « Stabiliser l’électricité à Kingabwa, cœur industriel abritant 300 PME, revient à injecter un stimulant direct dans le PIB local », analyse le Dr. Samuel Malamba, chercheur en politiques énergétiques.
Ce partenariat RDC Japon s’inscrit dans une dynamique plus large. Depuis 2022, l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) a engagé près de 200 millions de dollars dans des projets congolais, allant de la sécurité urbaine à l’agriculture. Une stratégie gagnant-gagnant : le Japon sécurise l’accès à des minerais critiques comme le cobalt, tandis que la RDC diversifie ses bailleurs face aux défis climatiques.
Reste à mesurer l’impact réel sur le quotidien des Kinois. Si les travaux doivent débuter début 2025, certains citoyens expriment des réserves. « On nous promet toujours des solutions, mais les quartiers périphériques restent les parents pauvres des investissements », regrette Martine Nkulu, habitante de Kinsenso. Un scepticisme qui rappelle l’enjeu de gouvernance dans la gestion des fonds.
À l’horizon 2030, ce projet pourrait servir de modèle pour d’autres villes congolaises. Avec seulement 19% de taux d’électrification national, la RDC devra multiplier ce type de partenariats pour atteindre ses objectifs de développement durable. Le défi est de taille, mais chaque kilowatt stabilisé ouvre une brèche vers l’industrialisation.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net