Dans un contexte où la représentation des femmes dans les instances décisionnelles reste un défi majeur en République Démocratique du Congo, la récente rencontre entre la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et ONU Femmes relance le débat sur l’inclusion politique. Le 7 mai 2024, le président Denis Kadima a reçu une délégation d’ONU Femmes dirigée par Emna Zghonda Engueleguele, spécialiste des processus électoraux et de l’égalité des genres. Cet échange marque une étape clé dans le partenariat CENI ONU Femmes, visant à renforcer la participation des Congolaises aux scrutins à venir.
Quelles sont les avancées concrètes en matière d’égalité des genres dans les processus électoraux congolais ? La réponse se dessine à travers ce dialogue stratégique. Mme Engueleguele a salué les « initiatives courageuses » de la CENI, tout en réaffirmant l’engagement de son organisation à accompagner la réforme électorale axée sur le genre. « Sans une représentation équitable des femmes comme candidates, observatrices et gestionnaires du processus, toute démocratie reste incomplète », a-t-elle déclaré, soulignant l’urgence d’actions coordonnées.
Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique plus large de promotion de la participation politique des femmes en RDC. Denis Kadima, dont l’expertise en matière d’égalité des genres a été forgée lors de son passage au PNUD, a rappelé les mesures phares adoptées : quotas non contraignants, formations ciblées et campagnes de sensibilisation. Cependant, les statistiques parlent d’elles-mêmes : moins de 15% des candidats aux législatives de 2023 étaient des femmes.
ONU Femmes propose un plan d’action en trois volets : renforcement des capacités techniques des femmes candidates, vulgarisation des textes juridiques sur les droits électoraux, et intégration systématique du genre dans la cartographie des bureaux de vote. Un focus particulier sera accordé aux zones rurales, où les normes socioculturelles entravent souvent l’implication politique féminine.
Ce rapprochement intervient alors que la RDC prépare les élections locales de 2025, test crucial pour la crédibilité des institutions. La question centrale demeure : comment transformer les engagements en résultats tangibles ? La réponse pourrait résider dans le mécanisme de suivi conjoint annoncé, qui inclura des indicateurs sexospécifiques et des audits participatifs.
Au-delà des discours, des défis opérationnels persistent. Le financement des campagnes féminines, la lutte contre les violences politiques genrées et la révision des lois électorales figurent parmi les priorités identifiées. La CENI promet d’accélérer l’adoption d’un cadre législatif plus inclusif d’ici fin 2024, avec l’appui technique d’ONU Femmes.
Cette collaboration interpelle également la société civile congolaise. Certaines organisations féminines réclament déjà un siège permanent au Conseil consultatif de la CENI, arguant que l’égalité ne se décrète pas sans représentation effective. Une revendication qui pourrait trouver écho dans les prochaines phases de ce partenariat stratégique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd