Le programme de gratuité des soins de maternité, lancé en 2023 en République Démocratique du Congo, marque un tournant dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Selon le ministre de la Santé, le Dr Samuel Roger Kamba, 426 000 mères ont déjà bénéficié de cette initiative dans 14 provinces, dont Kinshasa, le Kongo-Central et le Kasaï Oriental. Un progrès notable, quand on sait qu’auparavant, une femme mourait toutes les quatre heures lors de l’accouchement.
Comment fonctionne ce dispositif ? Concrètement, l’État prend en charge tous les frais médicaux liés à la grossesse, à l’accouchement et aux soins néonatals dans les structures partenaires. Un filet de sécurité vital, alors que 22 nourrissons sur 1 000 décédaient à la naissance avant le programme. « Aujourd’hui, une mère peut transférer son nouveau-né de Ndjili à Ngaliema si nécessaire – c’était impensable il y a deux ans », illustre le Dr Kamba.
Derrière ces chiffres porteurs d’espoir se cachent pourtant des défis tenaces. 11 provinces supplémentaires sont couvertes grâce au financement de la Banque mondiale, mais 12 régions restent encore exclues. Pire : certaines femmes ignorent toujours l’existence de ce droit ou renoncent aux soins par méfiance. « La barrière financière persiste malgré la gratuité », reconnaît le ministre, évoquant les coûts indirects (transport, médicaments non fournis…).
Quelles solutions pour amplifier l’impact ? Les spécialistes plaident pour tripler le budget santé – actuellement à peine 5% du PIB – et intensifier les campagnes de sensibilisation. Car chaque jour perdu compte : selon l’OMS, 60% des décès maternels en RDC pourraient être évités par des soins prénatals adéquats.
En cette période électorale, la tentation est grande de politiser ces avancées. Pourtant, comme le rappelle un agent de santé à Mbuji-Mayi : « Quand une femme meurt en couches, personne ne demande son affiliation politique ». Un rappel cru que la bataille pour la vie transcende les clivages – et exige plus que des discours.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net