Dans les effluves de jasmin et de thé à la menthe qui flottent sur Tunis, une voix résonne avec la force tranquille des grands fleuves africains. Didier M’Pambia, ministre du Tourisme de la République Démocratique du Congo, dessine aux portes du Sahara une cartographie inédite : celle d’un pays-continent où chaque parcelle de terre chuchote une épopée. Le Forum FITA 2025 devient ainsi la scène où se réinvente le récit touristique congolais, entre clairvoyance géostratégique et onirisme écologique.
Devant un aréopage de décideurs internationaux, l’orateur déploie sa vision comme on déroule un parchemin précieux. La RDC n’y apparaît plus seulement comme ce géant minéral, mais comme une mosaïque de paysages où « chaque province compose sa propre symphonie naturelle ». Des neiges éternelles du Ruwenzori – ces « larmes gelées du continent » selon sa métaphore poétique – aux méandres du fleuve Congo charriant « les pulsations vitales de l’Afrique centrale », le tableau est saisissant.
« Comment un pays qui contient 63% des forêts tropicales humides d’Afrique pourrait-il rester un secret bien gardé ? », interroge-t-il, martelant l’urgence d’une reconquête narrative. Les chiffres deviennent sous sa plume des armes de séduction massive : 8 fois la superficie de la France, 80 fois celle de la Belgique, 13 millions d’hectares de réserves naturelles. Mais c’est dans l’évocation des espèces endémiques que son discours prend des accents de manifeste : l’okapi, « fantôme à rayures des forêts équatoriales », le bonobo, « philosophe à fourrure interrogeant nos origines », ou le gorille des montagnes, « gardien silencieux des cimes brumeuses ».
Derrière la poésie des mots se cache une mécanique bien huilée. Le diagramme projeté révèle une stratégie en rhizome où le tourisme irradie vers l’agriculture, les énergies renouvelables et l’artisanat local. « Chaque site touristique doit devenir un écosystème autonome », explique M’Pambia, évoquant les 26 provinces transformées en laboratoires d’expériences voyageurs uniques. La campagne « Explorez la RDC, cœur de l’Afrique » pulse comme un mantra, promettant aux investisseurs bien plus qu’un retour financier : une place dans la légende du développement durable africain.
Dans l’assistance, les questions fusent : comment concilier préservation et exploitation ? Quel rôle pour les communautés locales ? Le ministre esquisse alors une révolution silencieuse : des écolodges aux architectes inspirés des cases traditionnelles, des circuits conçus avec les pygmées comme guides, une monnaie touristique indexée sur la protection de la biodiversité. « Le voyageur ne sera plus un simple spectateur, mais un acteur de notre renaissance verte », assure-t-il.
Au-delà des discours, les chiffres du Forum FITA parlent d’eux-mêmes : 70 personnalités influentes, 100 institutions financières séduites par ce nouvel eldorado écoresponsable. Tunis, carrefour des civilisations, devient le berceau d’un tourisme panafricain réinventé – où la RDC s’érige en phare d’une Afrique qui mise sur ses richesses naturelles plutôt que minières.
Alors que le soleil décline sur la Méditerranée, une conviction émerge : et si le XXIe siècle touristique s’écrivait en lingala et en swahili ? Entre les lignes des protocoles d’accord, on devine déjà le bruissement des forêts primaires, le clapotis des pirogues sur le fleuve Congo, et les pas feutrés des rangers traçant de nouveaux sentiers vers l’avenir.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc