Une mobilisation inédite a marqué la ville de Lubumbashi ce mercredi 7 mai. La 22e région militaire a réuni des centaines de femmes – militaires, étudiantes, leaders associatives – pour une conférence-choc sur les ravages de la guerre dans l’Est de la RDC. Objectif : transformer ces citoyennes en ambassadrices actives de la paix.
Dans la salle des plénières de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, l’appel du général de brigade Eddy Kapend Irung a résonné comme un signal d’alarme. « La femme congolaise doit sortir de son rôle de spectatrice », a-t-il martelé. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 70% des déplacés internes sont des femmes et enfants selon le HCR. Une réalité brutalement illustrée par la projection d’un documentaire montrant des scènes de violences sexuelles et de villages réduits en cendres.
Le thème « Patriotisme et citoyenneté » prend ici une résonance particulière. Comment des femmes katangaises peuvent-elles influencer un conflit situé à 1 500 km ? La réponse du commandant Kapend fuse : « Par leur pouvoir de transmission familiale et communautaire ». Une stratégie qui mise sur l’éducation des jeunes générations et la déconstruction des discours bellicistes.
Parmi les participantes, l’émotion était palpable après la diffusion des images. Une capitaine de la police présente sur place confie : « Ces scènes nous rappellent que chaque concession arrachée aux groupes armés se paie en vies humaines ». La référence aux récentes offensives des FARDC dans le Nord-Kivu plane sur les débats.
L’initiative s’inscrit dans un contexte sécuritaire régional tendu. Alors que les provinces de l’Est enregistrent une recrudescence d’attaques, le Haut-Katanga – zone stratégique frontalière – renforce son dispositif préventif. La création annoncée d’une « Brigade féminine pour la paix », chargée de relayer l’information dans les marchés et églises, matérialise cette nouvelle approche.
Reste une question cruciale : comment mesurer l’impact réel de telles initiatives ? Les organisateurs promettent un suivi trimestriel via des « comités de vigilance » locaux. Un premier bilan est attendu d’ici septembre 2024, coïncidant avec la rentrée scolaire – période clé pour les actions de sensibilisation.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
