La région de Kwamouth, en province du Maï-Ndombe, est le théâtre d’une escalade verbale aux conséquences potentiellement explosives. Le député provincial David Bisaka Kezeza a publiquement accusé des éléments des FARDC de multiplier les exactions contre les civils. Des allégations qui jettent une lumière crue sur les fractures sécuritaires de cette zone déjà minée par l’activisme de la milice Mobondo.
Selon l’élu, un « cachot souterrain » aurait été aménagé à Twa, chef-lieu du secteur Bateke sud. Cet ouvrage clandestin servirait à enfermer les récalcitrants refusant de se plier aux « tracasseries militaires ». La révélation intervient après un violent incident à Ngambomi où un jeune homme aurait été grièvement blessé par des tirs à bout portant attribués à des militaires.
Le drame ne s’arrête pas là. Dimanche dernier, Kepe Mbale, une sexagénaire, aurait perdu la vie sous les balles d’un soldat dans des circonstances troublantes. L’auteur présumé du coup feu aurait confondu sa victime avec sa concubine pendant la nuit, selon le récit du parlementaire. Son corps repose désormais à Mushie, loin du village natal devenu symbole de l’insécurité rampante.
Les critiques fusent aussi contre la gestion des barrières illégales érigées par des groupes armés. À Kinsele, les convoyeurs seraient contraints d’abandonner 50 000 FC et deux sacs de manioc. À Ngambomi, les motocyclistes devraient s’acquitter de 2 000 FC par course. Pire : les paysans devraient payer 1 000 FC pour obtenir une autorisation quotidienne de cultiver leurs champs. Une taxation illicite qui asphyxie économiquement les populations.
Face à cette charge, la réplique des FARDC ne s’est pas fait attendre. Le capitaine Antony Mualushayi, porte-parole des opérations Ngemba, a qualifié les déclarations du député de « tissu de mensonges ». L’armée nie catégoriquement l’existence du prétendu cachot à Twa et rejette toute implication dans les violences dénoncées.
« Comment expliquer qu’un élu local s’acharne à imputer systématiquement aux forces régulières les crimes des miliciens Mobondo ? », interroge le communiqué militaire. Les FARDC accusent David Bisaka de mener une « campagne de désinformation » au profit de la rébellion, tout en rappelant leur mandat de protection des civils.
Le cœur du débat dépasse les simples accusations réciproques. Derrière cette polémique se profile un territoire en proie à des forces contradictoires : d’un côté une milice qui étend son emprise par la terreur, de l’autre une armée dont certains éléments sont suspectés de dérives. Entre les deux, une population civile prise en étau, sommée de payer le prix sanglant de cette rivalité meurtrière.
Les questions s’accumulent. Qui tire réellement profit de cette instabilité chronique ? Pourquoi les mécanismes de contrôle des exactions militaires semblent-ils défaillants ? Comment briser le cycle infernal des violences communautaires attisées par des acteurs locaux ?
En attendant les réponses, les FARDC réaffirment leur détermination à « neutraliser définitivement la menace Mobondo ». Un engagement qui sonne comme un avertissement à l’égard de ceux qui, selon l’armée, tenteraient d’entraver cette mission. La population de Kwamouth, elle, retient son souffle. Entre espoir de paix et crainte de nouvelles violences, le territoire reste suspendu au prochain chapitre de cette crise multidimensionnelle.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd