Le Programme élargi de vaccination (PEV) mise sur une alliance inédite avec les médias congolais pour combattre la défiance vaccinale et améliorer la couverture sanitaire à travers le pays. Cette stratégie, dévoilée lors d’un briefing organisé à Kinshasa dans le cadre de la Semaine africaine de vaccination, souligne le rôle crucial des journalistes dans la transmission d’informations vitales aux communautés les plus reculées.
Un partenariat vital face aux défis logistiques et culturels
Imaginez un vaccin qui reste coincé dans un entrepôt de Kinshasa alors qu’un enfant de Lubumbashi ou de Bunia en a besoin. C’est le genre de défi quotidien que relève le PEV, confronté à des difficultés logistiques, mais aussi à des réticences culturelles. Comment convaincre une mère sceptique dans un village du Kasaï que le vaccin contre la polio protège son enfant ? La réponse pourrait se trouver dans les ondes radio et les écrans de télévision.
Les journalistes, nouveaux relais de santé publique
« Ce sont les professionnels des médias qui vont véhiculer l’information qui touchera nos communautés », insiste David Olela, responsable communication du PEV. Son équipe forme actuellement des reporters à décrypter les données complexes sur la couverture vaccinale – 65% des enfants congolais reçoivent actuellement les vaccins de base selon les dernières estimations – et à lutter contre la désinformation.
Un marathon contre la désinformation
Les rumeurs sur les effets secondaires des vaccins se propagent parfois plus vite que les épidémies elles-mêmes. Une étude récente de l’OMS révèle que 38% des parents congolais interrogés expriment des craintes infondées sur la vaccination. Les médias engagés dans cette campagne devront donc faire preuve de pédagogie : expliquer le fonctionnement des anticorps comme on décrirait une armée protectrice pour le corps, comparer les campagnes de vaccination à des boucliers collectifs contre les maladies.
Des solutions concrètes pour chaque famille
Le PEV rappelle trois mesures urgentes :
1. Vérifier le carnet de vaccination des enfants de 0 à 23 mois
2. Se rendre dans les centres de santé agréés avant le 30 mai
3. Signaler tout cas de fièvre ou d’éruption cutanée aux autorités sanitaires
Les journalistes recevront des kits pédagogiques avec des infographies simplifiant le calendrier vaccinal – un outil essentiel dans un pays où 42% de la population est analphabète selon la Banque mondiale.
Une course contre la montre jusqu’au 30 mai
Avec seulement 58% de couverture vaccinale complète selon le dernier rapport du PEV, chaque reportage, chaque émission de radio interactive, chaque article dans la presse locale devient une dose d’espoir. Les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, encore marquées par les crises humanitaires, font l’objet d’une attention particulière. Les médias communautaires y deviendront des ponts sanitaires entre les centres urbains et les zones rurales enclavées.
Cette initiative rappelle que dans la bataille pour la santé publique, le micro du journaliste vaut parfois autant que la seringue du médecin. Reste à savoir si cette campagne médiatique sans précédent parviendra à immuniser les populations contre la désinformation autant que contre les virus.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net