Dans l’univers électrisant de la musique congolaise, où les rythmes effrénés côtoient les mélodies envoûtantes, une nouvelle onde de choc vient de secouer la scène artistique. Rebo Tchulo, cette diva au timbre de velours dont les compositions oscillent entre poésie urbaine et revendications sociales, se retrouve au cœur d’une tempête médiatique. Son nom, habituellement synonyme de succès sur les plateformes de streaming, résonne désormais dans les couloirs austères du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC).
Qu’est-ce qui a bien pu transformer cette icône musicale en sujet de débat institutionnel ? Un extrait de chanson, quelques phrases devenues virales comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Les paroles en question, teintées de métaphores audacieuses et d’un réalisme cru caractéristique du style de l’artiste, auraient franchi la ligne rouge des « bonnes mœurs » selon l’instance de régulation. Le CSAC, armé de ses textes de loi, brandit l’article 23 de l’ordonnance de mars 2023 sur la liberté de presse comme un glaive menaçant.
La convocation officielle, signée par Me Bosembe Christian lui-même, résonne comme un coup de semonce dans le microcosme culturel kinois. Comment une artiste adulée pour son authenticité se retrouve-t-elle sommée de se justifier devant une commission gouvernementale ? Certains y voient un épisode de plus dans le tango complexe entre création artistique et conservatisme social, tandis que d’autres pointent du doigt l’ambiguïté des lois sur la liberté d’expression.
Rebo Tchulo, habituée à dominer les scènes des festivals de Kinshasa à Goma, devra cette fois affronter une arène bien différente. Son audition ce jeudi 8 mai promet d’être un moment clé pour l’avenir de la création musicale en RDC. Entre les lignes de la procédure administrative se joue une question fondamentale : jusqu’où peut s’étendre le pouvoir régulateur face à l’expression artistique ?
Les fans de la chanteuse, surnommés affectueusement les « Tchulovers », montent au créneau sur les réseaux sociaux. « C’est notre Miriam Makeba moderne qu’on veut museler ! » clame l’un d’eux sous un post Instagram. D’autres appellent à un concert de soutien devant le siège du CSAC, transformant l’affaire en véritable phénomène sociétal.
Pendant ce temps, les experts juridiques dissèquent les textes de loi invoqués. La loi organique de 2011 et l’ordonnance de 2023 formeront-elles un étau suffisant pour sanctionner l’artiste ? Ou au contraire, deviendront-elles le tremplin juridique d’une redéfinition des limites de la création ? La réponse se niche peut-être dans la capacité de Rebo Tchulo à transformer cette épreuve administrative en performance artistique – un défi à la mesure de son talent.
Alors que Kinshasa retient son souffle à l’approche de cette audience cruciale, une question palpite dans l’air : et si cette convocation marquait le début d’une nouvelle ère pour la musique congolaise ? Entre conservatisme et modernité, entre tradition et audace créative, le verdict du CSAC pourrait bien écrire une page décisive de l’histoire culturelle du pays.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net