La société Meta, propriétaire des plateformes Facebook, Instagram et WhatsApp, a annoncé un changement majeur dans sa politique d’utilisation des données. À partir du 27 mai 2025, les contenus publics publiés par ses utilisateurs – y compris en République Démocratique du Congo – serviront à entraîner ses modèles d’intelligence artificielle (IA). Une décision qui soulève des questions cruciales sur la protection de la vie privée à l’ère numérique.
Quelles données seront exploitées par Meta ?
Selon les informations officielles, Meta collectera l’ensemble des publications visibles publiquement : photos, vidéos, textes, commentaires et évaluations postés sur les profils non protégés. Les interactions avec les services d’IA intégrés à Messenger, WhatsApp ou Instagram sont également concernées. La société précise que les messages privés échangés entre utilisateurs restent exclus de ce processus.
Un impact transfrontalier
Même les citoyens congolais sans compte sur ces réseaux sociaux pourraient être affectés indirectement. Une photo partagée publiquement par un tiers, un commentaire mentionnant des informations personnelles ou une publication taguée pourrait être aspirée par les algorithmes de Meta. Cette disposition s’applique y compris aux mineurs, ce qui interpelle sur les garde-fous mis en place.
Les justifications de Meta
Le géant technologique avance des arguments culturels et linguistiques pour légitimer cette collecte massive. « Nos modèles d’IA doivent refléter la diversité des cultures africaines, dont la richesse linguistique de la RDC », explique un communiqué officiel. Une position qui fait écho aux enjeux de représentation des langues locales dans l’écosystème numérique.
Comment protéger ses données ?
Deux options s’offrent aux utilisateurs souhaitant préserver leur vie privée :
1. Rendre son compte privé en limitant la visibilité des publications à son réseau d’amis
2. Remplir un formulaire d’opposition spécifique avant la date butoir du 27 mai 2025
Sur Facebook et Instagram, ce formulaire se trouve dans le Centre de confidentialité, accessible via les paramètres du compte. WhatsApp propose quant à lui un dispositif distinct pour bloquer l’utilisation des interactions avec Meta AI. Un email de confirmation validera le traitement de la demande.
Un casse-tête administratif numérique
La procédure d’opposition nécessite une manipulation individuelle pour chaque compte détenu. Les utilisateurs congolais disposant de comptes multiples devront donc répéter l’opération sur chaque plateforme, à moins d’avoir préalablement lié leurs comptes dans un espace unifié. Une complexité qui pourrait décourager certains internautes moins aguerris.
Quels risques pour les utilisateurs congolais ?
L’exploitation des données soulève plusieurs inquiétudes :
– Utilisation potentielle d’informations sensibles accidentellement rendues publiques
– Difficulté de contrôle des contenus postés par des tiers
– Incertitude sur les mécanismes de protection des données personnelles spécifiques à l’Afrique centrale
Meta affirme avoir mis en place des filtres pour exclure les informations sensibles, mais reste évasive sur les détails techniques de ces protections.
Une course contre la montre numérique
Avec moins d’un an avant l’entrée en vigueur de cette nouvelle politique, les utilisateurs congolais doivent peser le pour et le contre entre contribution au développement technologique et préservation de leur souveraineté numérique. Les spécialistes de la cybersécurité recommandent une vigilance accrue dans le paramétrage des comptes et la diffusion de contenus personnels.
Cette annonce intervient dans un contexte mondial de renforcement des régulations sur l’IA, notamment avec le projet de loi européen sur l’intelligence artificielle. Reste à voir comment les autorités congolaises et africaines positionneront leur gouvernance numérique face à cette nouvelle donne technologique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Eventsrdc