Kalemie, cité lacustre du Tanganyika, étouffe sous les eaux. Une catastrophe annoncée qui révèle la vulnérabilité d’une région abandonnée à la furie des éléments. Mardi 6 mai, des trombes d’eau ont transformé les rues en torrents déchaînés, arrachant maisons, écoles et espoirs au passage. Les images de maisons englouties rappellent cruellement le prix humain d’une crise climatique qui frappe sans distinction.
Combien de vies faudra-t-il sacrifier avant l’éveil des consciences ? Les fleuves Lubuye et Kalemie, habituellement nourriciers, se sont mués en prédateurs. Leur crue fulgurante a submergé le port public, paralysant l’économie locale. Des centaines de familles errent désormais dans une ville méconnaissable, où seuls les toits éventrés émergent des flots boueux.
Derrière ce déluge localisé se profile un drame national. Le Tanganyika, province régulièrement martyrisée par les intempéries, cristallise l’urgence d’une réponse systémique. Nathan Mugisho du mouvement « Parlement debout sans tabou » alerte : « Ces inondations ne sont pas une fatalité, mais le résultat de décennies d’incurie environnementale ». Déforestation sauvage, urbanisation anarchique, gestion désastreuse des bassins versants… Autant de bombes à retardement activées par les pluies diluviennes.
L’urgence humanitaire immédiate ne doit pas occulter l’enjeu écologique sous-jacent. Chaque maison effondrée raconte l’histoire d’un écosystème sacrifié. Les sols dénudés par l’exploitation minière illégale ne retiennent plus les eaux. Les mangroves disparues n’assurent plus leur rôle d’éponge naturelle. La nature présente la facture de ses mutilations.
Le gouvernement provincial promet une aide d’urgence. Mais comment croire à des solutions durables quand les racines du mal restent ignorées ? Les sinistrés ont besoin de vivres et de toits, certes. Mais la région exige surtout une stratégie climatique intégrée : reboisement massif, systèmes d’alerte précoce, infrastructures adaptées aux nouvelles réalités météorologiques.
Kalemie sonne l’alarme pour toute la RDC. Ces inondations à répétition dessinent la carte d’un pays en sursis climatique. Alors que le bassin du Congo joue un rôle crucial dans la régulation du climat africain, sa dégradation menace l’équilibre régional tout entier. La communauté internationale regarde ailleurs pendant que le deuxième poumon vert de la planète suffoque.
Cette catastrophe pose une question cruciale : la RDC saura-t-elle transformer ses richesses naturelles en bouclier contre les dérèglements climatiques ? L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action conjuguée des autorités, des citoyens et des partenaires techniques. Chaque minute perdue creuse le lit des prochaines inondations.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net