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CNSA et les millions fantômes : une institution en sursis interroge la transparence financière en RDC

Dans un contexte marqué par des tensions autour de la gestion des deniers publics, le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) a choisi de rompre le silence. L’institution, née de l’accord politique du 31 décembre 2016, contredit fermement les allégations de Valéry Madianga, coordonnateur du Crefdl, qui évoquait un financement annuel de 2 millions de dollars. Une réplique qui soulève des questions plus larges sur l’opacité budgétaire et la pérennité des structures issues des crises politiques.

Selon le document publié ce mardi, le CNSA ne bénéficierait que de 48 122,2 USD mensuels, soit un budget annuel de 577 466,5 USD. Des chiffres qui contrastent avec les montants votés dans les lois de finances : 4 593 milliards de francs congolais en 2023, puis 3,84 milliards en 2024. Comment expliquer cet écart abyssal entre les crédits alloués et les sommes perçues ? La réponse du CNSA est sans équivoque : « Seules les rémunérations ont été régulièrement payées », une assertion qui laisse planer un doute sur la gestion des fonds publics par l’État.

Le paradoxe ne s’arrête pas là. Joseph Olenghankoy, président du CNSA, fournit depuis six ans des locaux privés pour héberger l’institution – un geste présenté comme gracieux, mais qui interroge. Peut-on vraiment séparer le fonctionnement d’une institution publique des intérêts de son dirigeant ? Cette situation rappelle les critiques récurrentes sur la personnalisation des structures étatiques, un phénomène qui mine la crédibilité des mécanismes de gouvernance en RDC.

L’Institut Ebuteli, dans son analyse d’avril 2025, avait déjà qualifié le CNSA d’« institution fantôme », pointant des « écarts énormes » entre budgets votés et exécutés. Un rapport qui résonne comme un coup de semonce dans un pays où la rationalisation des dépenses publiques est devenue un leitmotiv. Avec seulement quatre mois de primes versées sur six ans, le CNSA illustre-t-il une gestion hasardeuse ou les lacunes systémiques d’un État en lutte contre ses propres dysfonctionnements ?

La question de la légitimité de l’institution devient pressante. Créé pour superviser l’accord ayant mené aux élections de 2018, le CNSA justifie sa survie par l’inachèvement des scrutins locaux. Mais depuis les élections générales de 2023, cette argumentation semble vaciller. « Le processus électoral inclut les municipales », plaide M. Olenghankoy. Pourtant, l’article 38 de sa loi organique prévoit sa dissolution « à la fin du processus électoral ». Un flou juridique savamment entretenu ou une interprétation extensible des textes ?

Les appels à la suppression des institutions « inutiles » gagnent du terrain, alimentés par un contexte économique tendu. Le CNSA, dont la mission initiale s’est estompée avec le temps, incarne désormais un dilemme : comment concilier héritage politique et nécessité de modernisation ? La saisine du Premier ministre pour statuer sur sa dissolution marquera-t-elle l’épilogue d’une structure devenue anachronique ?

Derrière ces débats techniques se profile un enjeu crucial : la confiance dans les mécanismes de transition politique. Le CNSA, enfanté par l’accord de la Saint-Sylvestre sous pression internationale, peut-il survivre à la fin du cycle électoral qu’il devait garantir ? La réponse dépendra autant de l’exécutif que de la capacité des acteurs congolais à tourner la page des arrangements post-crise. Reste une certitude : dans l’arène politique congolaise, même les institutions en sursis peuvent devenir le théâtre de batailles décisives.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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