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Ituri : 200 mères sacrifiées en 2024 – Le cri d’alarme des gynécologues face à l’hécatombe évitable

La province de l’Ituri, en République démocratique du Congo, fait face à une crise sanitaire alarmante : plus de 200 décès maternels enregistrés depuis le début de l’année 2024. Ce chiffre place la région parmi les plus affectées par ce fléau national, révélant des lacunes systémiques dans la prise en charge des femmes enceintes. Mais comment expliquer cette hécatombe évitable, et quelles solutions urgentes peuvent être mises en œuvre ?

Selon le Dr Josée Wanican, responsable de l’Association des gynécologues en Ituri, 70% des cas de mortalité trouvent leur origine dans le référencement défaillant des patientes. « Les structures de santé périphériques manquent souvent de protocoles clairs pour transférer les complications obstétricales vers des hôpitaux mieux équipés », explique-t-elle. Ce retard dans la chaîne de soins équivaut trop souvent à une condamnation pour les parturientes, confrontées à des hémorragies ou infections non maîtrisées.

La question des ressources humaines aggrave ce tableau. Buma Reta, présidente de l’Association des sages-femmes locale, alerte sur le déficit criant en personnel qualifié : « Une maternité sans sage-femme formée, c’est comme une voiture sans conducteur – les outils sont là, mais personne pour les utiliser au bon moment ». Seulement 35% des centres de santé disposeraient de professionnels aptes à gérer les urgences néonatales selon une récente enquête provinciale.

Les conséquences de cette pénurie sont tangibles : complications non détectées à temps, gestes techniques mal exécutés lors des accouchements difficiles, ou absence de suivi post-partum. Pourtant, l’UNFPA rappelle qu’une sage-femme compétente peut prévenir jusqu’à 87% des décès maternels selon les standards internationaux. Un paradoxe dans une région où 60% des accouchements se déroulent encore hors des structures médicalisées.

Face à cette urgence, des initiatives émergent. Le gouvernement provincial a octroyé 20 bourses d’étude pour soutenir les futurs sages-femmes en difficulté financière. Une goutte d’eau ? « C’est un début, mais il faut surtout revaloriser la profession », insiste Brigitte Omari de l’UNFPA. Actuellement, moins de 15% des diplômés en obstétrique choisissent de travailler dans les zones rurales de l’Ituri, découragés par des conditions de travail précaires.

La solution passerait par un renforcement en cascade : former les aides-soignants aux signes d’alerte, équiper les centres de santé en kits d’urgence, et créer des circuits rapides d’évacuation vers les hôpitaux de référence comme celui de Bunia. Des projets pilotes menés avec l’OMS dans le territoire de Djugu ont déjà permis de réduire de 40% la mortalité néonatale en six mois – preuve que l’amélioration est possible.

Pour les femmes enceintes, les recommandations restent claires : consultations prénatales systématiques, accouchement assisté par du personnel qualifié, et recours immédiat en cas de saignements ou fièvre postpartum. Mais sans un système de santé fonctionnel, ces conseils individuels peinent à se traduire en actes concrets.

L’enjeu dépasse la seule Ituri. Avec près de 846 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (chiffres 2023), la RDC reste l’un des pays les plus dangereux au monde pour donner la vie. Un rappel cruelle que la santé maternelle est un marqueur implacable des inégalités sociales – et un défi sanitaire qui exige des réponses bien plus audacieuses.

Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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