Dans un contexte où la République Démocratique du Congo (RDC) fait face à des défis sanitaires récurrents, allant des épidémies d’Ebola aux résurgences de la variole du singe, une initiative académique vient d’éclore à Kinshasa. Lundi 5 mai, l’Institut One Health pour l’Afrique (INOHA) a lancé son premier master de modélisation appliquée en santé globale (MASG), une formation destinée à armer une nouvelle génération de professionnels contre les crises sanitaires.
Une réponse scientifique aux urgences sanitaires
Organisée dans l’amphithéâtre de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), la cérémonie de lancement a mis en lumière l’ambition de ce cursus : transformer des apprenants en architectes de solutions sanitaires. « Nos étudiants doivent devenir des sentinelles capables d’anticiper les menaces et de modéliser des réponses efficaces », a déclaré le Dr Jean-Jacques Muyembe, directeur général de l’INOHA et figure emblématique de la lutte contre Ebola.
La méthode One Health : prévenir plutôt que guérir
Ce programme s’appuie sur l’approche « Une seule santé » qui interconnecte santé humaine, animale et environnementale. Un choix stratégique dans un pays où 60% des maladies infectieuses émergentes ont une origine zoonotique selon l’OMS. Les cours combineront data science, épidémiologie de terrain et gestion de crise – des compétences cruciales pour un pays ayant connu 15 épidémies d’Ebola depuis 1976.
Entre espoirs et défis pratiques
Si le Dr Muyembe se félicite de cette « avancée majeure », des questions persistent. Comment assurer l’adéquation entre les modèles théoriques et les réalités des zones de santé reculées ? Le matériel pédagogique sera-t-il à la hauteur des standards internationaux ? Autant d’interrogations qui planent sur cette promesse d’excellence.
L’Afrique comme laboratoire du futur
Avec ses 22 millions de km² et sa biodiversité unique, le continent africain constitue un terrain d’étude idéal pour la santé globale. « Ce master ne formera pas que des congolais, mais des acteurs panafricains », précise un membre du comité pédagogique. Une vision qui cadre avec les alertes répétées de l’OMS sur la nécessité de renforcer les capacités locales de riposte aux pandémies.
Reste à voir comment cette initiative s’inscrira dans la durée. Entre dépendance aux financements externes et risque de fuite des cerveaux, le chemin paraît semé d’embûches. Mais comme le souligne un étudiant inscrit au programme : « C’est ici, au cœur des crises, que nous devons inventer les solutions de demain ».
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net