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Crise humanitaire en RDC : l’OIM sonne l’alerte rouge face à l’hémorragie de 6 millions de déplacés

Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) traverse une crise humanitaire d’une ampleur vertigineuse, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) lance un cri d’alarme sans précédent. Avec plus de 6 millions de déplacés internes selon les dernières estimations, le pays fait face à un défi qui dépasse ses capacités. La directrice générale adjointe de l’OIM, SungAH Lee, en visite sur place, a insisté sur la nécessité d’une « mobilisation mondiale urgente et durable » pour briser le cycle infernal des déplacements massifs.

Mais comment en est-on arrivé à cette situation catastrophique ? Les racines du mal plongent dans l’instabilité chronique de l’Est congolais, où le groupe rebelle M23-AFC et d’autres factions armées sèment la terreur. Les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika paient un lourd tribut, avec des communautés entières contraintes à l’exode sous la menace des armes. « Chaque jour, des familles doivent choisir entre mourir sous les balles ou risquer leur vie sur des routes minées », témoigne un acteur humanitaire sous couvert d’anonymat.

Les chiffres récemment publiés par le HCR donnent le vertige : plus de 100 000 Congolais ont fui vers les pays voisins depuis janvier, tandis que 40 000 autres ont entrepris un périple périlleux vers Kalemie. En Ouganda, l’afflux de réfugiés a explosé de 500% par rapport à 2023. Une hémorragie humaine qui soulève une question cruciale : la communauté internationale mesure-t-elle vraiment l’urgence de la situation ?

Lors de sa tournée dans les zones affectées, SungAH Lee a martelé une vérité dérangeante : « Les besoins dépassent largement les ressources disponibles ». Son plaidoyer pour un « regain d’intérêt mondial » fait écho aux alertes répétées des ONG sur le sous-financement chronique des opérations humanitaires. En mars dernier, le HCR tirait déjà la sonnette d’alarme face aux coupes budgétaires qui paralysent la reconstruction des abris.

Pourtant, derrière les statistiques glaçantes se cachent des réalités humaines insoutenables. Dans les camps de déplacés du Nord-Kivu, des enfants dorment à même le sol, pendant que les femmes parcourent des kilomètres pour trouver de l’eau potable. « Nous avons besoin de plus que de la nourriture. Nous voulons la paix pour rentrer chez nous », lance Mama Kanku, déplacée pour la troisième fois en deux ans.

La réponse proposée par l’OIM repose sur trois piliers : renforcement de l’aide d’urgence, appui institutionnel au gouvernement congolais, et investissement dans des solutions durables. Mais cette approche bute sur des obstacles colossaux. L’insécurité persistante entrave l’accès humanitaire, tandis que les causes profondes des conflits – accaparement des ressources minières, rivalités ethniques, ingérence régionale – restent non résolues.

Les récentes initiatives diplomatiques, comme le processus de Nairobi ou la médiation angolaise, peinent à produire des résultats tangibles. La recrudescence des combats autour de Goma et Bukavu montre les limites des efforts de pacification. Dans ce contexte, l’appel de l’OIM prend une résonance particulière : peut-on vraiment parler de solutions durables sans s’attaquer aux racines géopolitiques des crises à répétition ?

La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale. Alors que les yeux du monde sont rivés sur d’autres crises globales, la RDC risque de sombrer dans l’oubli. Pourtant, comme le rappelle un expert en sécurité régionale : « L’instabilité congolaise a des répercussions sur toute l’Afrique centrale. Ignorer cette crise, c’est prendre le risque d’un embrasement régional ».

L’urgence est multiple : humanitaire bien sûr, mais aussi politique et sécuritaire. Les prochains mois seront décisifs. Soit la solidarité internationale se concrétise par des engagements financiers et politiques à la hauteur des enjeux, soit la RDC s’enfonce dans une spirale incontrôlable, avec des conséquences imprévisibles pour toute la sous-région.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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