La crise humanitaire qui frappe la région de Pinga, dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu, révèle un système de santé au bord de l’implosion. L’hôpital général de Pinga, structure pivot pour plus de 220 000 habitants, fonctionne désormais comme un corps sans âme : privé de médicaments essentiels, d’équipements de base et avec un personnel soignant impayé depuis quatre mois. Comment une telle situation a-t-elle pu se produire dans une zone abritant des milliers de retournés après des mois de déplacement ?
Une bombe sanitaire à retardement
Imaginez un véhicule roulant sans carburant, ni pièces de rechange. C’est exactement le cas de cet établissement censé couvrir 19 aires de santé. « Nous manquons de tout : antibiotiques, antipaludéens, même les gants stériles sont devenus un luxe », confie sous anonymat un infirmier. Les conséquences sont directes : prise en charge aléatoire des accouchements, risques infectieux multipliés, et des maladies curables qui deviennent potentiellement mortelles.
Le cercle vicieux de l’isolement
MEDAIR, l’une des rares ONG présentes sur place, tire la sonnette d’alarme : « Les routes impraticables et l’insécurité chronique bloquent 70% de nos missions d’approvisionnement ». Résultat ? Les centres de santé périphériques ressemblent à des coquilles vides. Pour les familles retournées ayant tout perdu, c’est la double peine : survivre dans des abris de fortune tout en luttant contre le paludisme et la malnutrition sans accès aux soins de base.
Urgence d’une réponse coordonnée
Le Dr Julien Buunda, notable local, interpelle les autorités : « Sans réactivation immédiate de la chaîne d’approvisionnement en médicaments et sans solution pour la sécurisation des axes, nous risquons une hécatombe évitable ». Les spécialistes de santé publique avertissent : chaque semaine de retard dans l’auteaugmente de 40% les risques d’épidémies de choléra ou de rougeole dans ces conditions de promiscuité.
Quelles solutions immédiates ?
Des voix s’élèvent pour proposer des mesures d’urgence :
- Mise en place d’un pont aérien médical pour les produits vitaux
- Déploiement ciblé de cliniques mobiles dans les zones isolées
- Intégration des tradipraticiens dans un réseau de surveillance épidémiologique
La balle est désormais dans le camp des décideurs. Comme le souligne un agent humanitaire sur place : « Pinga ne doit pas devenir le symbole de l’oubli ». Face à cette urgence silencieuse, chaque heure compte pour éviter que cette crise ne se transforme en catastrophe annoncée.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net