Dans la nuit du dimanche à lundi, une tragédie a frappé le quartier Bujovu, en commune de Karisimbi. Trois membres d’une même famille ont été exécutés par des individus armés vers 1h du matin. Les assaillants, entrés par effraction, ont ouvert le feu sans sommation, laissant derrière eux un père de famille, son fils et un jeune parent. Le crépitement des armes a réveillé le voisinage, impuissant.
Alertée par les appels à l’aide des habitants, une patrouille du M23 a intercepté les suspects en fuite. Un échange de tirs nourri s’en est suivi près de l’usine SAFRICAS. Trois bandits présumés ont été neutralisés sur place, selon des sources sécuritaires locales. « Nous venons de découvrir leurs corps ce matin », a confié un témoin sous couvert d’anonymat, la voix encore tremblante d’effroi.
Ce drame sanglant s’inscrit dans une spirale de violence inquiétante. La même nuit, Kasika, Ndosho et Kyeshero ont également été le théâtre de braquages et de pillages. À Kasika, des maisons ont été méthodiquement vidées de leurs biens. À Ndosho, une boutique et une moto ont été dérobées sous la menace des armes. Comment expliquer cette recrudescence d’actes criminels ?
Les chiffres donnent le vertige : dix morts en une semaine, des centaines de foyers traumatisés. La colère gronde face à l’absence de réaction des autorités. « Demain, ce sera peut-être mon tour », lance un habitant de Bujovu, résumant l’angoisse collective. Les évasions massives de la prison de Munzenze en janvier dernier – plus de 4 000 détenus en fuite – ont transformé Goma en poudrière. L’arrivée du M23-AFC dans la ville aurait aggravé cette insécurité chronique.
Les interventions sécuritaires tardives posent question. Pourquoi les patrouilles ne sont-elles déployées qu’après les massacres ? Les militaires du M23, bien que réactifs lors de cette affaire, peinent à endiguer la criminalité rampante. Les commerçants de Kyeshero dénoncent des nuits entières sans présence policière visible.
En toile de fond, un constat accablant : aucune stratégie globale n’a été déployée depuis cinq mois. Les promesses des nouvelles autorités provinciales restent lettres mortes. Pendant ce temps, les gangs armés étendent leur emprise, quartier après quartier. Quand Goma sortira-t-elle de ce cauchemar ? La population, elle, attend des actes concrets – et vite.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
