Le village de Kaboto, dans le secteur du lac Munkamba au Kasaï Oriental, respire-t-il enfin après la tourmente ? Selon plusieurs sources concordantes, une accalmie précaire s’est installée depuis jeudi 1er mai. Cette trêve fait suite à une spirale de violences ayant culminé avec l’assassinat brutal d’un chef local et la destruction de 35 habitations.
Tout commence par un décès inexpliqué. Le prétendant au pouvoir traditionnel de l’entité de Bakua Kashila perd subitement la vie, sans antécédents médicaux connus. Une disparition suspecte qui met le feu aux poudres. « Comment accepter cette mort sans cause apparente ? », s’interrogent ses partisans, convaincus d’un empoisonnement.
La riposte ne se fait pas attendre. Dans la nuit du 30 avril, une fureur vengeresse s’abat sur le chef de localité intérimaire. Son domicile devient le théâtre d’un carnage méthodique : tabassage, décapitation au moyen d’armes blanches, mutilations post-mortem. Son épouse échappe de peu à la mort après avoir reçu plusieurs coups de machette.
La terreur s’étend comme une traînée de poudre. Trente-cinq cases partent en fumée sous les yeux de villageois impuissants. Des familles entières fuient vers Tshitshianku et les zones frontalières du Kasaï Central, emportant le strict nécessaire. « Nous avons tout perdu en quelques heures », confie l’un des déplacés sous couvert d’anonymat.
L’administration territoriale réagit en urgence. Des unités spéciales de la Police nationale congolaise (PNC) sont déployées depuis Mbuji-Mayi. Leur présence visible permettrait selon la société civile locale « d’éviter de nouvelles escalades ». Pourtant, malgré les patrouilles, l’angoisse persiste parmi les rares habitants revenus sur place.
Les questions en suspens alourdissent le climat. Pourquoi cette vendetta après un décès non élucidé ? Les autorités traditionnelles parviendront-elles à apaiser les tensions historiques autour des successions ? L’administrateur du territoire de Kabeya Kamuanga promet une enquête « rapide et impartiale », tout en appelant à la retenue.
Ce drame relance le débat sur la sécurisation des zones rurales reculées. Avec un bilan humain lourd et un tissu social déchiré, Kaboto devra-t-il compter sur ses seules forces pour renaître ? La réponse des institutions provinciales se fait attendre, tandis que les organisations humanitaires évaluent les besoins urgents des sinistrés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
