La réhabilitation de la route reliant le rond-point Canon à l’hôtel Congo Palace à Kisangani, dans la province de la Tshopo, s’apparente désormais à un serpent de mer administratif. Un an et demi après le lancement des travaux, le président de l’Assemblée provinciale, Mateus Kanga Londimo, a tiré la sonnette d’alarme lors d’une descente sur le terrain ce lundi 28 avril 2025. Un constat accablant pour un chantier présenté comme prioritaire par les autorités locales.
« Les plus grands perdants de cette situation sont les opérateurs économiques. Ils peinent à faire tourner leurs affaires, tout en continuant de s’acquitter des taxes »,
a dénoncé l’élu, pointant du doigt un double paradoxe : des entreprises étranglées par des infrastructures délabrées, mais contraintes de contribuer à un budget provincial dont elles ne perçoivent pas les retombées. Le ministre provincial des Infrastructures, présent sur place, a dû subir cette charge publique en direct, illustrant les tensions croissantes entre exécutif et législatif.
La société Kawaling, maître d’œuvre du projet, invoque des « problèmes de financement » pour justifier ce retard. Une explication qui sonne comme un aveu d’impuissance face aux engagements initiaux. Comment un chantier structurant pour l’économie régionale a-t-il pu être lancé sans assurance financière solide ? La question, restée sans réponse, révèle les failles d’une planification souvent tributaires des aléas politiques.
Face à cette paralysie, Mateus Kanga a brandi la menace d’une intervention directe sous sept jours. Ultimatum réaliste ou coup d’éclat symbolique ? L’entreprise devra installer des madriers sur les canaux transversaux pour fluidifier la circulation, mesure d’urgence qui ne masque guère l’ampleur des travaux restants. Une demi-solution pour un problème entier, selon des observateurs locaux.
Au-delà du cas spécifique, ce dossier cristallise les dysfonctionnements chroniques de la gestion des infrastructures en RDC. Les retards de paiement aux entreprises, l’absence de suivi technique rigoureux et les jeux de responsabilité entre acteurs institutionnels créent un terreau propice aux chantiers zombies. À Kisangani, chaque jour perdu se chiffre en millions de francs congolais évaporés pour les transporteurs et commerçants.
La sortie musclée du président de l’Assemblée provinciale interroge également sur l’équilibre des pouvoirs locaux. En se posant en défenseur du secteur privé, Mateus Kaga tente visiblement de capitaliser sur un mécontentement populaire grandissant. Stratégie habile à neuf mois des prochaines échéances électorales provinciales ? Reste à savoir si cette posture se traduira par des actes concrets ou s’évaporera dans les sables mouvants bureaucratiques.
Les partenaires techniques et financiers sont désormais sous pression. Leur silence face à ce blocage pourrait être interprété comme une démission collective, alors que les appels à « assurer les responsabilités » se multiplient. Dans une région clé pour les échanges commerciaux avec l’Est du pays, la résolution de ce dossier test deviendra un indicateur de crédibilité pour l’ensemble des parties prenantes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net