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Beni sous tension : la pénurie de points de recharge ENK plonge la ville dans le chaos économique et sanitaire

Dans la ville de Beni, au cœur du Nord-Kivu, une crise énergétique silencieuse érode le quotidien d’un million d’habitants. Le système prépayé d’Énergie du Nord-Kivu (ENK), unique fournisseur d’électricité local, révèle des failles structurelles criantes. Avec un seul point de vente opérationnel au rond-point ENRA, la population est prise au piège d’une logistique digne d’un scénario kafkaïen. Des files d’attente interminables, des journées entières perdues sous le soleil ou la pluie, et des activités économiques paralysées : le tableau dressé par les abonnés ressemble à une chronique d’un désastre annoncé.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon nos observations, moins de 15% des clients quotidiens obtiennent leurs crédits avant la fermeture du guichet. Une situation qui force les opérateurs économiques à choisir entre leur santé et leur survie financière. « Nos pertes se comptent en millions de francs congolais par semaine », confie sous anonymat un commerçant du marché central, contraint de jeter des denrées périssables faute de réfrigération.

Une équation économique à plusieurs inconnues

Le modèle de gestion d’ENK soulève des questions sur son efficacité opérationnelle. Comment une entreprise peut-elle justifier un tel niveau de service dans une ville d’un million d’âmes ? La réponse se niche peut-être dans l’absence de concurrence – véritable talon d’Achille du secteur énergétique congolais. Cette situation de monopole crée un déséquilibre marché-client préjudiciable, comme le rappelle un expert en régulation des services publics contacté par notre rédaction : « Lorsqu’un opérateur n’a pas de pression concurrentielle, les mécanismes d’amélioration du service s’atrophient. C’est un principe élémentaire d’économie de marché. »

Les conséquences sanitaires ajoutent une couche alarmiste au dossier. Les regroupements prolongés dans des conditions d’hygiène précaires font craindre aux médecins locaux une recrudescence des maladies hydriques et respiratoires. « Nous avons déjà enregistré une hausse de 30% des cas de paludisme sévère chez les adultes actifs ces deux derniers mois », alerte le Dr Michel Kambale, chef de service à l’hôpital général de Beni.

Les promesses techniques d’ENK face au mur de la réalité

La communication d’ENK, qui invoque des « problèmes techniques résolus », sonne creux face à la persistance des dysfonctionnements. Si l’entreprise affirme avoir corrigé les bugs de génération de tickets, elle reste muette sur son plan de déploiement d’infrastructures. Une inertie qui contraste avec les besoins urgents d’une population exsangue. « Nous réclamons simplement la décentralisation des points de service », plaide une habitante du quartier Mabolio, dont le trajet quotidien jusqu’au guichet équivaut à un parcours du combattant.

L’enjeu dépasse le confort individuel : selon une étude récente de la Chambre de commerce du Nord-Kivu, 68% des petites entreprises de Beni ont subi une baisse de chiffre d’affaires directement liée aux coupures de courant. Un frein majeur au développement d’une région déjà fragilisée par les défis sécuritaires.

Quelles perspectives pour une sortie de crise ?

La solution passe nécessairement par un investissement massif dans les infrastructures de distribution. Les spécialistes préconisent l’adoption urgente de technologies alternatives – compteurs intelligents, plateformes de recharge mobile – déjà déployées avec succès dans d’autres provinces. « Le prépayé n’est pas une fatalité, mais son implémentation nécessite un système logistique adapté aux réalités démographiques », analyse un consultant énergétique basé à Goma.

Alors que les appels à la « patience » d’ENK peinent à convaincre, la balle est désormais dans le camp des autorités de régulation. L’ouverture du marché à de nouveaux acteurs pourrait créer une saine émulation, seul véritable gage d’amélioration durable pour les abonnés de Beni. Reste à savoir si cette option figure dans les cartons du gouvernement provincial, alors que la colère citoyenne commence à électriser l’air de la cité.

Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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