Ce jeudi 1er mai 2025, le palais présidentiel de Khartoum a une nouvelle fois tremblé sous le feu des Forces de soutien rapide (FSR). Une attaque d’artillerie à longue portée, lancée depuis al-Salha au sud d’Omdurman, a visé le symbole du pouvoir soudanais, selon une source militaire anonyme citée par l’AFP. Aucun bilan humain n’a été rapporté dans l’immédiat, mais cette frappe intervient six jours après un assaut similaire contre le quartier général de l’armée, marquant une escalade tactique dans un conflit qui entre dans sa troisième année.
Un conflit qui redessine la géographie du pays
Depuis avril 2023, la guerre oppose l’armée régulière aux paramilitaires des FSR, transformant le Soudan en un puzzle stratégique. Le nord, le centre et l’est restent sous contrôle gouvernemental, tandis que les FSR dominent l’ouest du Darfour et des zones méridionales. Cette partition de facto, analysée par plusieurs observateurs, cristallise des enjeux allant du trafic d’armes aux rivalités tribales historiques.
Une crise humanitaire ignorée ?
Avec 13 millions de déplacés et des dizaines de milliers de morts, le drame soudanais peine pourtant à mobiliser l’attention internationale. « Chaque nouvelle frappe éloigne un peu plus l’espoir d’une médiation », déplore un diplomate africain sous couvert d’anonymat. Les récentes avancées militaires – comme la reprise par l’armée de positions à Khartoum en avril – semblent fragiles face à la mobilité des FSR, capables de frapper le cœur du pouvoir malgré leur recul territorial.
L’artillerie lourde : un game-changer régional
L’utilisation répétée de canons à longue portée par les FSR interroge. D’où provient cet arsenal ? Certains experts évoquent des soutiens extérieurs, voire des connexions avec des réseaux actifs dans la Corne de l’Afrique. « Ces armes transforment des groupes mobiles en armées conventionnelles », analyse Ahmed el-Bechir, chercheur à l’Observatoire des conflits africains. Une évolution qui pourrait inspirer d’autres mouvements rebelles dans la région, notamment aux frontières de la République Démocratique du Congo.
La RDC concernée par l’instabilité soudanaise ?
Si Kinshasa surveille principalement ses propres crises, les répercussions du conflit soudanais n’épargnent pas le continent. Les flux de réfugiés vers le Tchad voisin – déjà accueillant plus de 600 000 Soudanais – pourraient à terme peser sur la stabilité régionale. Par ailleurs, la porosité des frontières dans la bande sahélienne fait craindre une circulation accrue d’armes lourdes, susceptible d’alimenter les violences dans l’est congolais.
Un silence international assourdissant
Malgré l’ampleur de la catastrophe humaine, les initiatives de paix patinent. La réunion d’Addis-Abeba en mars 2025 n’a débouché sur aucun cessez-le-feu concret. Pendant ce temps, les civils subissent des pénuries alimentaires aiguës : 25 millions de Soudanais dépendraient aujourd’hui de l’aide humanitaire selon l’ONU. Un chiffre qui soulève une question cruciale : jusqu’où devra monter le bilan pour que la communauté internationale passe de l’observation à l’action ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net