27.2 C
Kinshasa
vendredi, mai 2, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSociétéGuerre, IA et Désinformation : Comment Kinshasa Veut Sauver le Journalisme Congolais...

Guerre, IA et Désinformation : Comment Kinshasa Veut Sauver le Journalisme Congolais de l’Asphyxie

« Chaque matin, je dois vérifier des dizaines de vidéos montrant des prétendues atrocités. Certaines sont réelles, d’autres générées par IA pour attiser la haine. Comment informer dans cette tempête de mensonges ? » Témoigne Jacques Mbosa, reporter de guerre à Goma, la rage au ventre. Son cri résonnera le 5 mai prochain au Fleuve Congo Hôtel, épicentre d’un débat vital pour la démocratie congolaise.

Kinshasa s’apprête à vivre une Journée mondiale de la liberté de la presse hors norme. Reporters, ministres et diplomates plancheront sur un dilemme brûlant : comment lutter contre la désinformation orchestrée par l’agression rwandaise tout en préservant l’éthique journalistique ? Un équilibre périlleux à l’heure où des deepfakes montrant de fausses exactions circulent plus vite que les vérifications.

« L’IA est une arme à double tranchant », analyse le professeur Nadège Kanyeba, experte en communication de crise. « Elle permet de traiter des données massives sur les mouvements des groupes armés, mais alimente aussi des campagnes de manipulation ciblant nos communautés. » Un paradoxe qui place les rédactions congolaises en première ligne d’une guerre informationnelle sans précédent.

Les chiffres donnent le tournis : 87% des journalistes congolais interrogés par l’UNPC avouent avoir diffusé sans le savoir des contenus truqués. « Les algorithmes des réseaux sociaux amplifient les récits sensationnalistes au détriment de la vérité », déplore Anselme Mvula, directeur de publication. Faut-il réguler ? Et comment éviter l’étouffement des voix critiques ?

La question de la sécurité hante les débats. Trois reporters tués depuis janvier, quinze emprisonnés arbitrairement. « Nos enquêtes sur le trafic d’armes dans l’Est nous exposent à tous les dangers », confie une journaliste sous couvert d’anonymat. Pendant ce temps, des lois sur la cybersécurité brandies comme des matraques contre les lanceurs d’alerte…

Dans l’amphithéâtre climatisé du Fleuve Congo Hôtel, les solutions émergent à coups de propositions choc : création d’une cellule anti-fake news associant militaires et rédactions, formation accélérée au fact-checking, révision du cadre légal protégeant les sources. « Sans indépendance éditoriale, aucune crédibilité possible », martèle le président de l’UNPC, sous les applaudissements.

Mais au-delà des discours, une angoisse persiste : comment maintenir vivant le journalisme d’investigation dans un pays en conflit ? Les partenaires internationaux promettent des fonds, les opérateurs télécoms s’engagent à améliorer la connectivité dans les zones reculées. Reste à transformer ces promesses en actes.

Alors que le soleil décline sur Kinshasa, une évidence s’impose : dans cette guerre hybride où les missiles côtoient les tweets toxiques, la liberté de la presse n’est pas un luxe. C’est une tranchée. Le dernier rempart contre l’obscurantisme. À quand une vraie loi sur l’accès aux données publiques ? Comment former une génération de reporters armés de vérification plutôt que de slogans ? Le compte à rebours est lancé.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


A la une Actualité RDC

Derniers Appels D'offres