Une formation spécialisée en expertise balistique, destinée aux acteurs clés de la chaîne pénale militaire de l’Ituri, s’est achevée ce mercredi 30 avril après deux semaines d’intenses travaux. Organisée sous l’égide de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO), cette initiative s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités techniques des institutions judiciaires locales.
Une dizaine de magistrats militaires, inspecteurs des forces armées et officiers de police judiciaire ont été formés aux méthodes scientifiques d’analyse des preuves balistiques. L’objectif affiché : doter ces professionnels de droit des outils nécessaires pour traquer les empreintes balistiques sur les scènes de crime, garantir l’intégrité des pièces à conviction et établir des liens probants entre les armes utilisées et leurs présumés utilisateurs.
Les participants, visiblement satisfaits du contenu pédagogique, ont unanimement salué l’approche combinant théorie et pratique. « Cette formation nous permet désormais de documenter scientifiquement les dossiers impliquant des armes à feu, un élément décisif dans les procès pour crimes violents », a confié sous anonymat un magistrat militaire présent à Bunia.
Le curriculum incluait des modules sur la collecte méthodique de douilles, l’analyse comparative des stries sur projectiles et l’interprétation des rapports d’expertise. Autant de compétences cruciales dans une province minée par les conflits armés où, selon les chiffres des Nations Unies, 72% des exactions documentées en 2023 impliquaient des armes légères.
La MONUSCO, par la voix de son bureau des affaires judiciaires, a rappelé que cette action s’articule avec sa stratégie globale de lutte contre l’impunité. « Sans preuves matérielles irréfutables, comment reconstituer la vérité judiciaire dans des zones où circulent des milliers d’armes non répertoriées ? » s’interroge un expert en sécurité associé au programme.
Les récentes avancées légales ne suffisent-elles pas à garantir des procès équitables ? Les formateurs ont insisté sur la nécessaire symbiose entre le droit procédural et les sciences forensiques. Une démonstration probante a d’ailleurs été réalisée sur des cas concrets tirés des archives judiciaires locales, révélant comment des erreurs de manipulation d’indices avaient conduit à des non-lieux contestés.
Au-delà des aspects techniques, l’atelier a abordé les défis logistiques propres au contexte iturien. Le manque chronique de laboratoires d’analyse accrédités et les difficultés d’acheminement des preuves vers Kinshasa pour expertise figuraient parmi les problématiques débattues. Des solutions locales, comme la création d’une unité balistique régionale sous supervision mixte, ont été évoquées lors des travaux de clôture.
Cette montée en compétence intervient à un moment stratégique où les juridictions militaires doivent traiter des dossiers sensibles liés aux groupes armés. Les premiers effets concrets pourraient se manifester dès le prochain trimestre, avec l’ouverture prévue de plusieurs procès pour crimes de guerre dans le territoire de Djugu.
Reste à savoir si ces nouvelles expertises parviendront à infléchir les taux de condamnation historiquement bas dans les affaires complexes. Les observateurs juridiques soulignent que la valeur probatoire des éléments balistiques, combinée au travail d’enquête traditionnel, pourrait constituer un tournant dans la lutte contre la culture de l’impunité.
La MONUSCO a annoncé le déploiement progressif de kits d’investigation balistique dans les tribunaux militaires prioritaires. Une manière tangible de pérenniser les acquis de cette formation, tandis que les bénéficiaires sont désormais tenus de restituer leurs connaissances au sein de leurs juridictions respectives.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net