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RDC : À Ngandanjika, Clémentine Madiya Faïk Nzuji illumine la 5e Fête du livre, un phare culturel en Lomami

Au cœur de la Lomami, là où les mots dansent entre les collines et les savanes, le territoire de Ngandanjika vibre au rythme des pages tournées. La cinquième édition de la Fête du livre, orchestrée par les Éditions Ditunga, s’ouvre comme un grimoire géant, dévoilant l’éclat d’une littérature congolaise en perpétuelle renaissance. Sous les voûtes du Centre culturel Monseigneur Tharcisse Tshibangu Tshishiku, l’air est chargé d’encre et de promesses : ici, chaque syllabe résonne comme un hommage à Clémentine Madiya Faïk Nzuji, figure tutélaire dont l’existence se confond avec l’histoire intellectuelle du pays.

Qu’est-ce qu’une vie dédiée aux lettres, sinon un héritage semé dans le terreau des consciences ? À 81 ans, l’écrivaine et professeure, auréolée de sa sagesse et de sa grâce, prend la parole devant une assemblée captivée. « Je suis venue parce que j’aime ce genre d’initiatives », confie-t-elle, sa voix traversant le silence comme un fleuve tranquille. Dans son discours inaugural, elle évoque une passion née dans l’enfance, entre les récits oraux des ancêtres et les premiers poèmes griffonnés sur des cahiers d’écolière. « Transmettre ce que j’ai reçu » : telle est sa devise, une antienne qui résonne dans chaque mot prononcé, chaque livre publié, chaque regard échangé avec les jeunes chercheurs présents.

Autour d’elle, l’effervescence culturelle prend des allures de symphonie. Des stands colorés exhibent des ouvrages aux titres évocateurs – Mémoire de la terre rouge, Chants des mbuji –, tandis que des débats improvisés éclatent sous les manguiers, mêlant rires et controverses littéraires. Le professeur Abbé Apollinaire Cibaka Cikongo, architecte de cet événement, circule tel un chef d’orchestre, veillant à ce que chaque note – conférence, atelier, lecture – s’accorde parfaitement. « Cette fête est un pont entre les générations », souligne-t-il, rappelant que depuis 2021, Ngandanjika est devenu l’épicoleuristique où se croisent étudiants en quête de savoir et auteurs chevronnés.

Mais au-delà des discours, que révèle cette célébration ? Peut-être l’émergence d’une nouvelle cartographie culturelle en RDC, où les régions jadis perçues comme périphériques deviennent des phares. Ngandanjika, tel un Sankofa littéraire, puise dans son passé pour nourrir son avenir. Les ateliers d’écriture, animés par des plumes locales, enseignent aux plus jeunes comment tisser des récits où le kikongo épouse le français, créant une langue hybride, vibrante. Dans un coin du centre culturel, un cercle se forme autour d’un griot moderne déclamant des vers de Clémentine Nzuji : « Le fleuve ne boit pas ses propres eaux / Il les offre à la soif du monde ». La métaphore, limpide, résume l’esprit de l’événement : partager pour grandir.

Trois jours durant, du 1er au 3 mai, cette fête transforme le territoire en un laboratoire d’idées. Des universitaires venus de Mbujimayi croisent le fer avec des auteurs de Kinshasa, tandis que des éditeurs indépendants dévoilent des manuscrits encore chauds de l’impression. Et partout, cette question en filigrane : comment écrire la RDC d’aujourd’hui sans trahir celle d’hier ? Clémentine Nzuji, en gardienne des mémoires, rappelle que la littérature congolaise doit être « à la fois racine et feuille nouvelle » – ancrée dans ses traditions, mais ouverte aux vents créatifs.

Quand tombera le rideau sur cette édition 2025, restera-t-il autre chose qu’un souvenir ému ? Sans doute bien plus : des graines plantées dans l’imaginaire collectif, des collaborations naissantes, et cette certitude que Ngandanjika, désormais, s’inscrit en lettres dorées sur la carte des capitales culturelles africaines. Car ici, le livre n’est pas un objet muet – c’est un passeur d’humanité.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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