Une blessure béante de plus de 10 mètres déchire la route Bypass à Kinshasa. Ce canyon urbain sculpté par des pluies torrentielles dans la nuit du 1er mai sonne l’alerte sur une crise environnementale qui ronge les artères vitales de la capitale congolaise. Le sol sablonneux de Ngaba a cédé sous la violence des eaux, transformant une voie stratégique en champ de bataille contre les forces naturelles.
Le spectacle est apocalyptique : une des deux bandes de circulation littéralement avalée, des maisons suspendues au bord du gouffre, des câbles électriques éventrés. La SNEL et la REGIDESO comptent leurs infrastructures martyrisées, pendant que les poids lourds en provenance de Matadi dansent un tango dangereux sur la chaussée rétrécie. Les embouteillages monstres ne sont que le symptôme visible d’un mal bien plus profond.
Comment en est-on arrivé là ? Le cocktail explosif de précipitations extrêmes et d’urbanisation anarchique révèle ses conséquences. Les sols fragiles de la commune de Selembao, privés de couverture végétale, se liquéfient au premier assaut des trombes d’eau. Les routes secondaires censées servir de déviations? Submergées à leur tour, piégeant une population en quête de solutions.
« Chaque saison des pluies creuse notre angoisse », pourrait témoigner tout habitant du quartier. Les maisons fissurées menacent de rejoindre l’abîme, pendant que la deuxième bande de la Bypass tremble sur ses bases. Un jeu de dominos infernal où chaque nouvelle averse pourrait précipiter l’effondrement final.
Les experts environnementaux pointent du doigt une double urgence : colmater l’hémorragie immédiate tout en repensant l’aménagement urbain. Des techniques de génie civil adaptées aux sols instables, des systèmes de drainage performants, une reforestation stratégique – autant de pistes qui tardent à se concrétiser.
La question brûle les lèvres : jusqu’à quand Kinshasa pourra-t-elle résister à cette guerre silencieuse contre les éléments ? Les autorités face à ce défi ont-elles mesuré l’ampleur de la menace ? Car derrière les bouchons monstres se profile un risque vital pour des milliers de riverains. Dix mètres aujourd’hui, vingt demain… L’érosion ne connaît pas de trêve.
Alors que la saison des pluies s’installe, chaque minute compte. Sans intervention rapide, c’est tout un pan de la mobilité urbaine qui risque de s’effondrer, avec des conséquences économiques incalculables. Les appels à l’action se multiplient, mais les moyens tardent à suivre. Kinshasa, métropole en sursis, joue sa résilience contre la montre climatique.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net