Alors que la Semaine africaine de vaccination s’ouvre à Kinshasa du 29 avril au 6 mai, le ministre de la Santé Roger Kamba lance un avertissement glaçant : près de la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans en RDC sont causés par des maladies évitables par la vaccination. Un constat d’autant plus alarmant que le pays compte parmi ceux affichant le plus grand nombre d’enfants non vaccinés sur le continent.
Une urcence silencieuse : 1 million d’enfants sans protection vaccinale en 2023
Les chiffres officiels donnent le vertige. En 2023, plus d’un million de nourrissons congolais n’ont reçu aucun vaccin, tandis que près de 2 millions ont manqué leur troisième dose cruciale. « Cette situation est non seulement dramatique, mais inacceptable », insiste le ministre Kamba, pointant du doigt un paradoxe : comment expliquer que des maladies comme la poliomyélite ou la rougeole continuent de tuer massivement alors que des vaccins efficaces existent depuis des décennies ?
Conflits armés et déplacements : le cocktail explosif qui entrave la vaccination
Derrière ces statistiques se cache une réalité géopolitique complexe. Les zones en proie aux conflits armés – principalement dans l’Est du pays – voient leur accès aux vaccins drastiquement réduit. Les équipes médicales peinent à atteindre 15% des enfants dans certaines régions instables, selon des sources sanitaires locales. Les mouvements massifs de populations fuyant les violences créent par ailleurs des « angles morts » dans la couverture vaccinale, favorisant la résurgence de foyers épidémiques.
Le plan Mashako : une lueur d’espoir à concrétiser
Lancé en 2018, le programme gouvernemental Mashako vise à relancer la vaccination de routine. Si des progrès ont été enregistrés dans les provinces stables (le taux de couverture DTC3 est passé de 45% à 63% au Kongo Central), son déploiement bute encore sur des obstacles logistiques majeurs. « Le défi, c’est la chaine du froid pour les vaccins dans les zones sans électricité », explique un responsable de l’OMS en RDC sous couvert d’anonymat.
Mpox, rougeole, polio : quand les maladies profuent des failles du système
La récente épidémie de Mpox (ex-variole du singe) a mis en lumière la vulnérabilité du pays. Avec plus de 3 000 cas suspects enregistrés depuis janvier 2024, dont 65% chez les moins de 15 ans, cette maladie émergente s’ajoute aux fléaux historiques. La rougeole a quant à elle tué 1 342 enfants en 2023, selon les registres hospitaliers.
2025 : « Des vaccins pour tous » – Utopie ou objectif réalisable ?
Le thème choisi pour l’édition 2025 de la Semaine africaine de vaccination sonne comme un défi lancé aux autorités. Pour y répondre, le ministre Kamba mise sur une alliance inédite : « Médias, chefs traditionnels et organisations religieuses doivent devenir des relais actifs ». Une stratégie qui passe par la déconstruction des rumeurs anti-vaccinales persistantes dans certaines communautés.
4 actions clés pour inverser la tendance
- Intégrer les tradipraticiens dans les campagnes de sensibilisation
- Déployer des unités mobiles de vaccination dans les zones rouges
- Créer un système d’alerte précoce par SMS pour les rappels vaccinaux
- Allouer 15% du budget provincial de santé à la vaccination (contre 5% actuellement)
« Vacciner, c’est aimer », conclut le ministre Kamba. Une formule choc qui résume l’enjeu : transformer la vaccination en acte citoyen pour sauver une génération entière.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd