Une course contre la montre pour sauver les enfants congolais
Les chiffres glaçants révélés par le Dr Samuel Roger Kamba, ministre de la Santé publique, dressent un tableau alarmant de la santé infantile en République Démocratique du Congo. Avec près de 50% des décès d’enfants de moins de cinq ans liés à des maladies évitables, le pays fait face à une urgence sanitaire silencieuse qui exige une mobilisation générale.
Le lourd tribut des maladies évitables
Comment expliquer que des pathologies connues depuis des décennies continuent de faucher des vies juvéniles? La réponse se niche dans un cocktail mortel de défis structurels. Le paludisme, responsable à lui seul de 12% des décès infantiles selon l’OMS, trouve un terrain propice dans les zones marécageuses et les habitations non protégées. La rougeole, cette tueuse d’enfants malnutris, profite de la densité urbaine et des campagnes de vaccination tronquées.
Le dernier rapport de l’UNICEF pointe un paradoxe accablant : alors que 80% des nourrissons reçoivent au moins une dose de vaccin, seulement 45% complètent le schéma vaccinal complet. Cette couverture en dent de scie ouvre la porte aux épidémies récurrentes, comme le démontre la résurgence de la poliomyélite dans au moins six provinces.
Les racines d’une tragédie annoncée
Derrière ces statistiques se cachent des réalités terrain complexes. L’accès aux centres de santé ressemble souvent à un parcours du combattant pour les familles rurales. Dans le Kasaï Central, par exemple, il faut compter en moyenne 15 km de marche pour atteindre un poste de vaccination. À cette distance physique s’ajoute une distance cognitive : les rumeurs sur les effets secondaires des vaccins circulent plus vite que les informations scientifiques dans les réseaux sociaux communautaires.
Le Dr Thérèse Ntumba, pédiatre à Kinshasa, compare cette situation à « une maison dont les fondations seraient rongées par les termites ». « Nous avons des vaccins efficaces, mais leur distribution ressemble à un tuyau percé. Entre les ruptures de stock, la chaîne du froid défaillante et la méfiance populaire, c’est toute la pyramide sanitaire qui tremble », analyse-t-elle.
Un plan de bataille multisectoriel
La Semaine de la santé, du 29 avril au 6 mai, pourrait marquer un tournant si les engagements se concrétisent. Le ministère mise sur une approche choc :
- Déploiement de 500 équipes mobiles dans les zones reculées
- Intégration des tradipraticiens dans les campagnes de sensibilisation
- Utilisation des réseaux sociaux pour cibler les jeunes parents
« C’est notre mur de Berlin à abattre », lance le ministre Kamba, en référence aux 1,2 million d’enfants non vaccinés recensés en 2023. Les partenaires internationaux apportent leur pierre à l’édifice : l’Alliance Gavi a débloqué 15 millions de dollars pour moderniser la chaîne de froid vaccinale.
Ce que chaque Congolais peut faire
La solution ne viendra pas seulement des autorités. Chaque citoyen a un rôle à jouer :
- Vérifier le carnet de vaccination des enfants
- Signaler les cas suspects de maladies à déclaration obligatoire
- Partager les informations vérifiées via les canaux officiels
Comme le rappelle une campagne choc affichée dans les rues de Lubumbashi : « Un enfant non vacciné est un enfant en danger de mort. Sa protection commence par votre main ». Le compte à rebours est lancé pour inverser une courbe mortelle qui vole l’avenir du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net