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Nord-Kivu : À Walikale, le départ des rebelles n’efface pas les plaies d’une économie exsangue

Dans les rues de Walikale Centre, l’odeur de l’espoir se mêle encore à celle des cendres. « Ils sont partis, mais ils nous ont laissé le vide », soupire Jean-Baptiste, commerçant dont le magasin a été réduit à un amas de planches fissurées. Comme lui, des centaines d’habitants de cette localité du Nord-Kivu tentent de reconstruire leurs vies, un mois après le retrait des rebelles de l’AFC/M23. Pourtant, derrière les sourires de résilience se cache une réalité brutale : pillages systémiques, inflation galopante et services publics en lambeaux plongent la région dans une crise aux multiples visages.

Une économie sous perfusion

Les traces des pillages orchestrés par les groupes armés hantent chaque rue. Marchés aux étals vides, entrepôts éventrés, camions carbonisés… « Ils ont tout emporté : sacs de farine, médicaments, même les câbles électriques », déplore une vendeuse de poisson sec au marché central. Ces destructions méthodiques ont étranglé les circuits commerciaux, faisant grimper le prix du sac de manioc de 50 000 à 180 000 francs congolais. Comment survivre lorsque le panier alimentaire devient un luxe inaccessible ?

L’hôpital qui saigne

À l’hôpital général de Kibua, les portes battent au vent. Les rebelles y ont volé jusqu’aux lits d’accouchement. « On soigne les fractures avec des branches d’arbre », confie une infirmière sous couvert d’anonymat. La pharmacie ressemble à un livre sans pages : étagères vides, frigos silencieux. Résultat ? Les accouchements à risque explosent, les paludéens meurent faute de quinine, et une épidémie de choléra menace. Jusqu’où peut-on pousser la résilience humaine ?

Écoles fantômes et enfance volée

L’école primaire de Kumbwa ne résonne plus de rires d’enfants. Sur 400 élèves inscrits, 30 viennent encore. « Beaucoup dorment dans la brousse par peur des miliciens », explique un directeur d’école, montrant des salles jonchées de débris. Les cahiers ? Utilisés comme combustible. Les tableaux noirs ? Démontés pour faire des lits. Cette génération sacrifiée paiera-t-elle le prix d’une guerre qui n’est pas la sienne ?

Routes de la mort et camions fantômes

L’axe Walikale-Goma, autrefois artère vitale, est devenu un couloir de la peur. « Transporter un sac de haricots peut coûter la vie », témoigne un chauffeur qui a perdu trois collègues en un mois. Conséquence : 80% des commerçants refusent désormais de ravitailler la zone. Les quelques produits qui arrivent – à dos de moto, via des sentiers clandestins – voient leurs prix multipliés par sept. Une économie de la survie qui profite aux réseaux mafieux.

Lueurs d’espoir dans un champ de ruines

L’administrateur du territoire a lancé un recensement des dégâts. « 152 écoles détruites, 24 centres de santé pillés, 8 ponts coupés », énumère un agent sur le terrain. Mais les habitants attendent plus que des chiffres. « Nous voulons des actes », exige Marie, mère de six enfants. Si des ONG commencent à distribuer des semences agricoles, l’aide reste symbolique face à l’ampleur des besoins. Le gouvernement promet un plan de relance, mais à Walikale, on compte encore les jours depuis la dernière attaque.

La reconstruction ? Un mirage pour ces populations qui marchent sur un fil entre espoir et désillusion. Sans sécurité durable, sans justice pour les victimes, sans investissements massifs, Walikale risque de sombrer dans un nouveau cycle de violence. Car comme le murmurent les anciens : « Quand la faim frappe à la porte, même la paix tremble ».

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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