23.2 C
Kinshasa
mercredi, avril 30, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSociétéRN1, la route de la mort : 14 victimes dans un nouvel...

RN1, la route de la mort : 14 victimes dans un nouvel accident tragique à Masi-Manimba

Dans la nuit du lundi à mardi, une nouvelle tragédie routière a ensanglanté la RN1, artère vitale mais mortelle de la République Démocratique du Congo. Entre les villages Kinimi et Camp Mbanza dans le territoire de Masi-Manimba, un bus en provenance de Kikwit a fauché 14 vies avant de s’immobiliser dans un chaos de cris et de corps meurtris. Trois survivants, dont le chef du village Camp Mbanza, portent désormais le poids d’une question lancinante : jusqu’où ira l’hécatombe sur ces routes congolaises ?

« Le chauffeur a voulu éviter le camion remorque, mais c’est la population qui a trinqué », explique d’une voix nouée Nora Mawa, administratrice adjointe du territoire. Son récit dessine une scène cauchemardesque : des déplacés fuyant Kinimi, écrasés par un véhicule lancé à pleine vitesse. Treize morts sur le coup. Un quatorzième décès à l’hôpital. Des familles entières balayées en quelques secondes.

Cette route nationale RN1, colonne vertébrale économique reliant Kinshasa au Kasaï, cristallise tous les maux des infrastructures routières en RDC. Largeur insuffisante, absence de bas-côtés, signalisation fantôme : chaque kilomètre devient un piège mortel. « L’élargissement de la RN1 n’est plus une option, c’est une obligation humanitaire », insiste l’administratrice, lançant un appel aux autorités provinciales et nationales.

Derrière les chiffres glacials se cache une réalité plus cruelle encore. La majorité des victimes étaient des déplacés internes, ces ombres errantes fuyant les conflits armés. Partis chercher refuge, ils ont trouvé la mort sur une route censée les protéger. Ironie tragique dans un pays où 5,6 millions de personnes vivent en déplacement forcé selon le HCR.

L’accident pose avec acuité la question de l’insécurité routière chronique en République Démocratique du Congo. Avec seulement 3% de routes asphaltées selon la Banque mondiale, le réseau congolais compte parmi les plus meurtriers d’Afrique. Poids lourds surchargés, véhicules vétustes, contrôle technique inexistant : chaque voyage relève de la roulette russe.

À Masi-Manimba, les habitants enterrent leurs morts dans une colère sourde. « Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant qu’on ne sécurise nos routes ? », interroge un notable local sous couvert d’anonymat. La réponse se fait attendre tandis que les accidents se multiplient : 23 morts en janvier sur l’axe Kikwit-Kinshasa, 18 victimes en mars près de Kenge…

Ce drame relance le débat sur l’urgence d’un plan national de sécurité routière. Entre renforcement de la police de circulation, campagnes de sensibilisation et investissements massifs dans les infrastructures, les solutions ne manquent pas. Mais dans un pays où seul 1,3% du PIB est consacré aux transports selon la Banque africaine de développement, la route vers la sécurité semble encore longue.

Alors que les cercueils quittent l’hôpital de Masi-Manimba, une question hante les esprits : ces 14 vies perdues réveilleront-elles les consciences ? Ou rejoindront-elles le long cortège des oubliés de la RN1, cette route qui dévore ses enfants ?

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


A la une Actualité RDC

Derniers Appels D'offres