Dans un climat politique où chaque validation électorale ressemble à un jeu d’échecs institutionnel, la Cour d’appel du Kwilu a rendu son verdict : Philippe Akamituna Ndolo et Espoir Masamanki officiellement intronisés aux commandes de cette province stratégique. Un épilogue judiciaire sans suspense, mais lourd de sous-textes.
La décision, rendue mardi 22 avril, clôt une procédure marquée par une absence troublante de contestations. La plus haute juridiction provinciale affirme n’avoir enregistré aucun recours contre les résultats proclamés par la CENI après le scrutin du 2 avril. Faut-il y voir un signe de consensus politique ou une résignation calculée ? Le ministère public, en tout cas, a saisi l’occasion pour exiger la validation immédiate, arguant du « respect scrupuleux des procédures ».
Philippe Akamituna, élu avec 28 voix sur 47 votants à l’Assemblée provinciale, incarne désormais la nouvelle donne du Kwilu. Son ascension depuis le siège de député provincial de Bagata jusqu’au gouvernorat interroge : simple continuité administrative ou prélude à un remaniement des alliances ? Le profil de son vice-gouverneur, Espoir Masamanki, ajoute à l’équation des variables encore indéchiffrables.
Cette confirmation sans heurts masque mal les enjeux sous-jacents. Dans une province clé pour les équilibres régionaux, la passation pacifique contraste avec les tensions habituelles. « La légitimité procédurale ne fait pas toujours bon ménage avec l’adhésion populaire », rappelle un observateur sous couvert d’anonymat. La Cour d’appel, en validant un processus non contesté, a-t-elle simplement entériné un rapport de force déjà acté ?
Les prochains mois diront si ce feu vert judiciaire servira de tremplin à des réformes ambitieuses ou de caution à un statu quo précaire. Entre les attentes sociales pressantes et les jeux d’influence à Kinshasa, le duo Akamituna-Masamanki devra naviguer dans un environnement où chaque décision sera scrutée à la loupe. L’absence de contestation devant les tribunaux constituera-t-elle un atout ou un alibi fragile face aux défis à venir ?
Dans l’immédiat, cette validation renforce le narratif d’une stabilisation institutionnelle chère aux partenaires internationaux. Mais gare aux illusions : en RDC, comme le rappellent les actualités politiques récentes, l’accalmie préélectorale cache souvent des recompositions souterraines. Le Kwilu, carrefour économique et bastion historique, pourrait bien servir de test grandeur nature pour cette nouvelle équipe provinciale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
