Après trois années d’intervention médicale intensive, Médecins Sans Frontières (MSF) annonce la réorientation de son soutien au centre de santé de Kanyaruchinya, dans le territoire de Nyiragongo, au nord de Goma. Cette décision stratégique, effective fin avril 2025, répond à l’impératif de prioriser des besoins sanitaires plus urgents dans d’autres structures de la région du Nord-Kivu, épicentre d’une crise humanitaire persistante.
L’engagement de MSF dans cette localité remonte à juillet 2022, suite à l’afflux massif de déplacés fuyant les violences armées. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 227 000 consultations médicales, 7 552 accouchements assistés et près de 6 000 survivantes de violences sexuelles prises en charge. Des statistiques qui illustrent l’ampleur de la catastrophe humanitaire dans cette zone frontalière du Rwanda, théâtre de conflits récurrents.
Mais pourquoi ce retrait maintenant ? La diminution progressive des populations déplacées et la baisse significative des demandes de soins ont conduit à cette réévaluation. Les camps autour de Kanyaruchinya se sont vidés, réduisant mécaniquement les besoins en services médicaux d’urgence. Pourtant, MSF maintient une surveillance active : “Nos équipes demeurent vigilantes face aux dynamiques changeantes”, précise l’ONG dans son communiqué.
Ce redéploiement s’inscrit dans un réajustement plus large des opérations de MSF dans le Grand Goma. Déjà en mars 2024, l’organisation avait mis fin à son appui à l’Hôpital Général de Référence de Virunga, autre structure clé dans la prise en charge des blessés de guerre. Une reconfiguration qui interroge sur l’évolution de la crise dans cette région instable, où les besoins humanitaires fluctuent au gré des affrontements armés.
Quelles conséquences pour les populations restantes ? Les autorités sanitaires locales devront désormais assumer la continuité des services, alors que le système de santé congolais montre partout ses limites. MSF promet cependant une réactivité immédiate en cas de nouvelle détérioration. La situation sécuritaire volatile du Nord-Kivu justifie cette prudence, dans une province où chaque accalmie peut précéder une nouvelle flambée de violence.
Cette décision souligne le dilemme permanent des acteurs humanitaires : concentrer des ressources limitées là où les besoins sont les plus criants. Un équilibre difficile dans une région où les crises se superposent et se déplacent au rythme des conflits armés. La communauté internationale suivra avec attention cette transition, alors que la RDC traverse une période politique et sécuritaire particulièrement tendue.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd