Dans un geste porteur d’espoir pour la population de Komanda, la MONUSCO a officiellement remis ce vendredi 4 avril un centre de formation professionnelle aux autorités locales. Situé à 75 kilomètres de Bunia en Ituri, cette infrastructure moderne équipée pour la menuiserie, la coupe et couture et la pâtisserie représente bien plus qu’un simple bâtiment. Pour les cent bénéficiaires, dont des jeunes à risque et des femmes vulnérables, c’est une véritable bouée de sauvetage.
« J’exprime ma gratitude à la MONUSCO. Je viens de très loin, j’ai beaucoup souffert. Mais avec ce métier, j’ai retrouvé ma place dans la société », confie une survivante de violences sexuelles, désormais diplômée en coupe et couture. Son témoignage poignant résume l’impact concret de ce projet financé à hauteur de 98 000 dollars américains dans le cadre des initiatives de réduction de la violence communautaire (CVR).
Parmi les bénéficiaires, soixante femmes ont pu acquérir des compétences professionnelles valorisantes. Un chiffre significatif dans une région où les opportunités économiques pour les femmes restent limitées. La menuiserie, traditionnellement réservée aux hommes, compte désormais parmi ses rangs plusieurs artisanes qualifiées, brisant ainsi les stéréotypes de genre.
Mais derrière cette lueur d’espoir plane l’ombre persistante de l’insécurité. Jean Toyabo Kato, chef de la chefferie de Basili à Komanda, salue l’initiative tout en exprimant ses craintes : « Ce projet est le troisième que la MONUSCO exécute à Komanda. Le premier était une savonnerie, mais lors de l’attaque des ADF en 2023, ils ont tout détruit ». Un rappel cruel de la fragilité des acquis dans cette région en proie aux violences armées.
Josiah Obat, chef de Bureau de la MONUSCO à Bunia, insiste sur la nécessité d’une appropriation communautaire : « On peut construire de beaux bâtiments, mais si on ne les utilise pas correctement, ça ne va pas nous servir ». Un message clair adressé aux bénéficiaires et aux autorités locales, alors que les premiers diplômés viennent de recevoir leurs brevets après trois mois de formation intensive.
Dans une province marquée par des décennies de conflits, ce centre de formation représente bien plus qu’une simple solution économique. C’est un symbole de résilience pour ces femmes et ces jeunes qui, armés de leurs nouveaux savoir-faire, osent enfin croire en un avenir meilleur. Mais la question demeure : cette lueur d’espoir résistera-t-elle aux défis sécuritaires et économiques de la région ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net