Un front inattendu se dessine dans la quête de paix pour l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Alors que les fronts diplomatiques, politiques et militaires bataillent sur le terrain, des artistes congolais prennent le flambeau culturel pour dénoncer l’agression qui frappe la région. Et cette fois-ci, c’est à travers une chanson collective intitulée « Stop à la guerre à l’Est » qu’ils unissent leurs voix.
Cette initiative, portée par l’ONG Widal Fondation, réunit une pléiade d’artistes congolais de renom, dont Fally Ipupa, Félix Wazekwa, Jean Goubald Kalala, Michel Bakenda ou encore le jeune talent Ibrator Mpiana. Conçue en lingala et en français, cette chanson est bien plus qu’une œuvre musicale : un cri du cœur pour la paix et un plaidoyer pour mettre fin à la dégradation continue de la situation humanitaire et sécuritaire dans l’Est congolais. « En tant que Congolais, nous avons voulu crier haut et fort pour que Dieu impose la paix et que la guerre se termine », a déclaré Ibrator Mpiana, exprimant ainsi le sentiment d’urgence qui habite les artistes.
Ce projet culturel s’inscrit dans la continuité d’un premier effort similaire datant de 2013. Cette nouvelle version, décrite comme un « remix » par Verdy, son réalisateur artistique, intègre les contributions de nouvelles voix tout en reprenant l’esprit de l’œuvre originale conçue à l’époque face à la crise du M23. Selon Verdy, cette chanson constitue une véritable œuvre de patriotisme et de solidarité nationale, visant à améliorer la cohésion sociale et à renforcer une unité nationale déjà mise à rude épreuve par plusieurs décennies de conflit.
Avec le regard bienveillant du ministère de la Culture, Arts et Patrimoine, représenté par Paul Ngoyi le Perc, le projet ne se limite pas à la diffusion musicale. Le clip, tourné notamment au centre culturel mis à disposition par la ministre Yolande Elebe, illustre cet engagement étatique en faveur de la paix à l’Est. « Nous accompagnons ce projet pour mobiliser intellectuels, élites et citoyens autour d’une réflexion collective », a expliqué Paul Ngoyi.
Le phénomène dépasse les frontières. Gradur, Youssoupha, Damso et d’autres rappeurs d’origine congolaise ont également répondu à l’appel en composant une chanson engagée, dont le clip cumule déjà plus de 2 millions de vues sur YouTube. À travers leurs paroles, ils appellent à une reconnaissance internationale des souffrances du peuple congolais.
Ces contributions mettent en lumière le rôle crucial de la culture et de l’art comme outils de dénonciation et de plaidoyer. En initiant de tels projets collectifs, la RDC montre que la résistance peut se manifester aussi par des mélodies poignantes et des paroles puissantes. Et si, face aux tumultes de l’Histoire, la musique devenait l’arme ultime de la résilience congolaise?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd