Comment assurer la continuité éducative dans une région minée par l’insécurité ? La ville de Beni, au Nord-Kivu, offre une réponse concrète alors que 13 100 écoliers finalistes entament ce mardi 1er juillet l’Examen National de Fin d’Études Primaires (ENAFEP) 2025. Répartis dans 36 centres soigneusement préparés, ces jeunes représentent l’espoir d’une génération déterminée à franchir cette étape cruciale malgré un contexte sécuritaire précaire.
Le sous-Proved Kambale Kibonge souligne l’importance de cette mobilisation : « Nous avons besoin que ces enfants réussissent cet examen malgré les conditions sécuritaires, malgré les conditions dans lesquelles ils ont étudié. Ça ne sera pas facile mais nous les encourageons ». Son appel aux parents à surveiller et conseiller leurs enfants révèle les défis quotidiens des écoliers du Nord-Kivu, où la persistance des conflits complique l’accès à une éducation sereine.
Le lancement officiel à l’école primaire Mbene de Biautu ne doit pas masquer une réalité plus sombre dans l’arrière-pays. Face aux menaces dans le territoire voisin de Lubero, les autorités ont pris une décision radicale : délocaliser plusieurs centres d’examen initialement prévus dans des zones jugées à risque. Le colonel Kiwewa Mitela Alain, administrateur militaire, a ordonné le transfert des épreuves depuis des localités comme Ndeko, Katembo ou Kasiyiro vers des sites plus sécurisés. Cette réorganisation d’urgence illustre les compromis nécessaires pour garantir la sécurité éducation en RDC.
Concrètement, le centre de Buranda accueille désormais les candidats de l’EP Kiragho, tandis que Ndeko reçoit ceux de l’EP Swanga. Les élèves déplacés vers Butembo sont quant à eux invités à se rapprocher des centres les plus accessibles. Cette délocalisation des centres à Lubero témoigne d’une adaptation pragmatique aux réalités sécuritaires, mais pose aussi la question des conditions d’apprentissage dans ces territoires instables.
Malgré ces obstacles, l’engagement des autorités reste ferme : l’ENAFEP 2025 se tient comme prévu sur l’ensemble du territoire national. Le gouvernement et ses partenaires éducatifs affirment que « tous les élèves, même dans les zones les plus touchées par la guerre, auront la possibilité de passer leurs examens ». Cette promesse, aussi ambitieuse soit-elle, souligne la priorité accordée à l’éducation comme pilier de reconstruction nationale.
Quelles leçons tirer de cette édition sous tension ? D’abord, la résilience remarquable des écoliers congolais qui, à Beni comme ailleurs, persistent à croire en leur avenir scolaire. Ensuite, la nécessité de solutions flexibles comme la délocalisation pour préserver l’intégrité des examens primaires. Enfin, l’urgence de sécuriser durablement l’espace éducatif dans les provinces en crise. Alors que les épreuves s’achèvent ce mercredi, ces 13 100 candidats incarnent plus qu’une statistique : ils sont les artisans d’une RDC qui refuse de laisser l’insécurité voler son avenir.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
