Dans un contexte de tensions persistantes, le Président congolais Félix Tshisekedi s’est entretenu ce mercredi à Kinshasa avec Olusegun Obasanjo, ancien chef d’État nigérian et facilitateur désigné conjointement par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts continus visant à résoudre le conflit armé dévastateur qui sévit dans les provinces orientales de la République Démocratique du Congo.
Obasanjo, figure emblématique des médiations africaines, a qualifié les échanges de « prometteurs » dans la recherche d’une solution durable. « Nous explorons toutes les possibilités pour qu’il n’y ait plus de confrontation militaire entre la RDC et le Rwanda. Les discussions avec mes deux frères des deux pays sont sur le bon chemin », a-t-il déclaré aux médias, revenant directement d’une étape similaire à Kigali. Cette diplomatie navette, caractéristique des processus de paix complexes, souligne l’urgence de désamorcer une crise aux ramifications régionales explosives.
Le facilitateur a immédiatement annoncé la suite de sa mission : un déplacement à Lomé pour consulter Faure Gnassingbé, médiateur principal désigné par l’Union africaine et Président du Conseil des ministres togolais. « Je vais lui faire rapport et voir ce qui doit être fait pour une paix durable dans la région », a précisé Obasanjo. Cette coordination entre mécanismes régionaux et continentaux révèle l’imbrication des efforts diplomatiques face à un conflit Est RDC qui résiste aux solutions traditionnelles.
Rappelons que cette initiative s’ancre dans une décision majeure prise lors du 2ème Sommet conjoint EAC-SADC du 24 mars dernier. Cinq facilitateurs africains de haut niveau avaient alors été nommés pour piloter la résolution de la crise sécuritaire : outre Obasanjo, Uhuru Kenyatta (Kenya), Kgalema Motlanthe (Afrique du Sud), Catherine Samba-Panza (Centrafrique) et Sahle-Work Zewde (Éthiopie). Leur mandat collectif symbolise la pression croissante pour une approche panafricaine face aux groupes armés et aux tensions transfrontalières.
Quelles perspectives réelles offre cette médiation renforcée ? Si Obasanjo affiche un optimisme mesuré, les défis restent colossaux. La méfiance historique entre Kinshasa et Kigali, les intérêts économiques entrelacés avec l’exploitation des ressources minières, et la prolifération des milices locales composent un cocktail explosif. Le processus paix Congo nécessitera plus que des shuttles diplomatiques : une réforme structurelle de la gouvernance sécuritaire et un désengagement régional vérifiable s’imposent.
Cette nouvelle séquence diplomatique survient alors que les populations de l’Est subissent au quotidien les affres des violences. Les facilitateurs africains parviendront-ils à transformer l’essai où d’autres ont échoué ? La crédibilité même des architectures régionales EAC-SADC se joue dans cette tentative. La prochaine étape à Lomé, sous l’égide de l’UA, pourrait indiquer si ce mécanisme inédit possède les leviers nécessaires pour imposer un cessez-le-feu durable et ouvrir la voie à un dialogue inclusif. L’espoir, ténu mais persistant, repose désormais sur cette diplomatie de la dernière chance.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
