Où sont passés les 350.000 dollars destinés à désengorger Kinshasa ? Cette question hante les éditorialistes et citoyens de la capitale congolaise, confrontés à une disparition aussi inexplicable qu’embarrassante de fonds publics. Initialement alloués au commissaire provincial Israël Kantu pour un plan anti-embouteillages, ces millions semblent s’être volatilisés dans l’air pollué de la mégapole, laissant un goût amer de promesses non tenues et de gestion douteuse.
Le dispositif, présenté avec faste comme une solution miracle, prévoyait pourtant une armada impressionnante : 950 agents mobilisés, des drones de surveillance, dix motos neuves, des grues et même des bus réparés. Tout ceci devait fluidifier deux axes stratégiques en trente jours, avec un bilan intermédiaire chaque décade. Un calendrier ambitieux qui ressemble désormais à un miroir aux alouettes, tant les résultats brillent par leur absence. Les Kinois continuent de suffoquer dans des bouchons interminables, comme ce dimanche 22 juin où le tronçon Ngaba-Matadi Mayo s’est transformé en parking géant.
L’ironie cruelle de cette affaire réside dans le double échec patent. Non seulement la circulation n’a connu aucune amélioration, mais l’objectif sous-jacent – contenir la flambée des prix des produits de première nécessité – s’est envolé en fumée. Les camions, autorisés à circuler librement pour approvisionner les marchés, restent prisonniers des mêmes artères congestionnées. Une situation qui interroge sur la pertinence même de la stratégie gouvernementale contre la vie chère en RDC.
Plus troublant encore : l’opérateur désigné pour piloter ce plan anti-bouchons serait introuvable selon plusieurs sources concordantes. Le commissaire Kantu, censé superviser les opérations sur le terrain, semble avoir disparu des radars en même temps que les fonds. Ce vide abyssal dans le suivi du projet alimente les soupçons de corruption trafic Kinshasa, d’autant qu’aucune comptabilité détaillée n’a filtré sur l’utilisation réelle des crédits. Les éléments matériels annoncés – drones, motos, talkies-walkies – sont-ils seulement matérialisés ? La question mérite d’être posée alors que les agents sur le terrain dénoncent l’absence de moyens.
Cette gestion chaotique des fonds publics en RDC jette une lumière crue sur les dysfonctionnements chroniques de l’administration. Comment un plan aussi crucial pour l’économie kinoise a-t-il pu être confié sans garde-fous suffisants ? L’enquête gouvernement congolais promise tardera-t-elle à venir, comme trop souvent ? Les primes conséquentes promises aux agents – élément central du dispositif – ont-elles effectivement été versées ou rejoignent-elles le trou noir financier ? Autant d’interrogations qui exigent des réponses transparentes.
Le gouvernement se retrouve piégé par sa propre communication. Après avoir présenté ce plan anti-bouchons RDC comme une priorité nationale capable de soulager à la fois le trafic et le portefeuille des citoyens, il assiste impuissant à l’effondrement de ce mirage. L’impatience monte dans les cercles du pouvoir, conscients que cette affaire de disparition fonds embouteillages Kinshasa pourrait éclabousser l’exécutif tout entier. La crédibilité des institutions est en jeu, alors que les Kinois attendent toujours le premier signe tangible d’amélioration.
Cette affaire dépasse largement le simple scandale financier. Elle symbolise l’échec des politiques urbaines face à une croissance anarchique de la capitale, où chaque solution technique bute sur l’écueil de la mauvaise gouvernance. Sans transparence radicale sur le sort réservé à ces 350.000 dollars, toute nouvelle initiative risque de se heurter à la défiance populaire. Le prochain test ? La capacité des autorités à identifier les responsabilités dans cette disparition et à sanctionner concrètement les défaillances. L’avenir politique de plusieurs responsables pourrait bien se jouer dans les bouchons de Kinshasa.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
