Le lac Édouard agonise sous les coups de boutoir d’une pêche illicite décomplexée. Ce joyau aquatique du Parc national des Virunga, poumon écologique partagé entre la RDC et l’Ouganda, voit son écosystème se déliter jour après jour. L’organisation Badilika, vigie des droits humains au Nord-Kivu, lance un cri d’alarme glaçant : près de 2 millions de personnes dépendant des ressources halieutiques du lac sont au bord du précipice.
Comment en est-on arrivé là ? La réponse fuse, amère : une recrudescence effrénée de la pêche illicite en RDC, savamment organisée par un réseau toxique mêlant acteurs publics, privés et groupes rebelles. Le M23, cette rébellion qui ensanglante le territoire, s’est mué en percepteur de rançons, monnayant l’accès destructeur au lac. Pire encore, la force navale congolaise, supposée protéger les eaux, s’est elle-même engouffrée dans ce trafic lucratif. Une corruption au Nord-Kivu érigée en système qui asphyxie toute régulation.
Les conséquences écologiques sont catastrophiques. Les méthodes de pêche prohibées ravagent les fonds lacustres, anéantissant nurseries piscicoles et biodiversité. La production de poissons s’effondre, privant des communautés entières de leur seule source de protéines et de revenus. Patrick Nguka, coordonnateur de Badilika, dépeint un tableau apocalyptique : « Le lac Édouard se meurt sous nos yeux, et avec lui, l’avenir de millions de Congolais ». Son organisation, fer de lance de la défense des droits humains, exige une intervention immédiate des autorités.
La spirale infernale est connue : impunité rime avec destruction. Les groupes armés rançonnent les pêcheurs clandestins tandis que des militaires corrompus détournent le regard contre bakchich. Cette collusion mortifère transforme le parc des Virunga, sanctuaire naturel mondial, en zone de non-droit écologique. Les lac edouard menaces ne sont plus des hypothèses lointaines mais une réalité mordante qui affame les populations riveraines.
Face à l’urgence, Badilika presse Kinshasa de déclencher un plan de sauvetage multidimensionnel. Renforcement des patrouilles anti-braconnage, épuration de la force navale, sanctions judiciaires exemplaires contre les complices de ce pillage environnemental : le temps n’est plus aux diagnostics mais à l’action concrète. La justice congolaise doit impérativement briser ces chaînes de corruption qui étranglent le lac. Car chaque jour perdu voit disparaître des espèces endémiques et s’approfondir la misère des pêcheurs artisanaux spoliés.
Le lac Édouard peut-il encore être sauvé ? La question brûle les lèvres alors que s’effondre un pilier écologique et économique majeur de l’Est congolais. Sans réponse ferme à la pêche illicite rdc et à la gabegie institutionnelle, c’est toute la région qui sombrera dans l’insécurité alimentaire. Le compte à rebours est enclenché : protéger ce trésor aquatique n’est pas une option, mais une condition sine qua non à la survie des générations futures.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
