Une implacable sécheresse étrangle le territoire d’Aru, à plus de 260 km de Bunia dans la province de l’Ituri. Depuis mars, cette catastrophe climatique transforme les terres fertiles en déserts craquelés, selon le dernier bulletin de la protection civile Ituri. Les villages de Kumuri, Adumi et Drisso, ainsi que des secteurs d’Inzi et Rumu, suffoquent littéralement sous l’effet d’une crise hydrique sans précédent. Dans la chefferie de Kakwa, épicentre du désastre, les puits ne sont plus que des trous poussiéreux, symboles d’une terre abandonnée par la pluie.
Imaginez des femmes parcourant 10 km sous un soleil de plomb pour quelques litres d’eau boueuse. Cette réalité quotidienne dans le territoire d’Aru n’est pas un scénario apocalyptique, mais le terrible vécu de milliers de Congolais. La sécheresse Ituri RDC frappe en plein cœur des moyens de subsistance : les champs de manioc et de maïs ne sont plus que des étendues de terre fissurée, tandis que le bétail, squelettique, s’effondre faute de pâturage et d’abreuvoir. La crise eau territoire Aru a déjà anéanti des récoltes vitales pour la survie des communautés paysannes.
Sur les marchés locaux, les étals sont sinistrement vides. La rareté des produits vivriers a provoqué une flambée des prix qui met la nourriture hors de portée des plus pauvres. Un sac de farine de manioc coûte désormais trois fois son prix habituel, plongeant des familles entières dans une détresse alimentaire aiguë. La protection civile Ituri tire la sonnette d’alarme : des cas de malnutrition infantile sont signalés dans plusieurs villages, signe avant-coureur d’une famine qui guette. Cette insécurité alimentaire Ituri s’aggrave chaque jour un peu plus, transformant la crise climatique en tragédie humaine.
Le cauchemar s’intensifie avec l’arrivée de milliers de réfugiés Sud-Soudan RDC fuyant les conflits voisins. Accueillis par des familles d’accueil déjà exsangues, ces déplacés accentuent la pression sur les maigres ressources restantes. Un seul point d’eau parfois pour trois villages, des récoltes perdues à 80%, des enfants qui pleurent la faim : cette équation infernale nécessite une réponse urgente. La coordination provinciale lance un appel déchirant aux organisations humanitaires : « Sans intervention immédiate, nous risquons des pertes en vies humaines massives dans les prochaines semaines ».
Comment en sommes-nous arrivés là ? Le changement climatique frappe l’Ituri avec une brutalité inédite, mais cette catastrophe révèle aussi notre vulnérabilité collective. Les puits non protégés s’assèchent au premier dérèglement saisonnier, les techniques agricoles restent rudimentaires face aux extrêmes météorologiques. Les réfugiés sud-soudanais, déjà victimes de l’instabilité régionale, deviennent malgré eux un facteur aggravant dans une région au bord du gouffre. La terre d’Aru, autrefois généreuse, est aujourd’hui un symbole de l’urgence écologique qui frappe le Congo profond.
La protection civile Ituri coordonne désormais une course contre la montre. Des forages d’urgence et des distributions de semis résistants pourraient sauver des vies, mais les moyens manquent cruellement. Cette sécheresse Ituri RDC n’est pas qu’une crise passagère : c’est un signal d’alarme pour toute la région. Si rien n’est fait pour renforcer la résilience des communautés face aux chocs climatiques, le territoire d’Aru risque de devenir le triste laboratoire d’une nouvelle forme de misère environnementale. L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action concrète avant que la soif et la faim n’écrivent le prochain chapitre de cette tragédie.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
