La tournée du vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale, Guy Kabombo Muadianvita, dans la 13e région militaire s’est conclue dans une atmosphère de gravité à Gemena, épicentre des défis sécuritaires du Sud-Ubangi. Cette mission d’envergure, ponctuée d’étapes à Mbandaka, Boende et Lisala, révèle une urgence stratégique : la porosité des 1.100 kilomètres de frontière avec la République centrafricaine (RCA) constitue une brèche béante dans la souveraineté congolaise.
Devant les officiers des Forces armées de la RDC (FARDC), Guy Kabombo Muadianvita a dépeint une réalité alarmante. « L’extrême perméabilité de nos frontières alimente un terreau fertile pour la fraude douanière, le commerce illicite et les conflits transfrontaliers », a-t-il martelé, soulignant que cette vulnérabilité transforme la zone en passoire pour toutes les dérives. Mais le ministre est allé plus loin dans son réquisitoire, fustigeant l’acquisition frauduleuse de terres par des étrangers le long de cette ligne frontalière. Un constat qui interroge : jusqu’où s’étend l’emprise des intérêts extérieurs sur le territoire national ?
La réponse du numéro un de la défense congolaise fuse comme un ordre de bataille : redoublement de vigilance et protection inflexible de l’intégrité territoriale. « Je vous exhorte à cultiver la paix entre les communautés en mettant de côté tout ce qui vous divise », a-t-il lancé aux soldats, prônant un sursaut patriotique face aux divisions internes. Ce discours, teinté d’une urgence opérationnelle, masque-t-il l’impuissance des dispositifs actuels de sécurité frontalière ? La question plane alors que les FARDC semblent dépassées par l’ampleur des trafics.
Pourtant, cette tournée ministérielle ne s’est pas limitée aux seuls enjeux tactiques. À Gemena, Guy Kabombo Muadianvita a réservé un chapitre poignant aux veuves militaires, symboles des sacrifices invisibles de l’armée. « C’est la toute première fois dans la province du Sud-Ubangi qu’une autorité nous assiste », a confié l’une d’elles, reconnaissante pour les dons de vêtements reçus. Mais derrière cette gratitude perce une amère réalité : leur plaidoyer pour la réhabilitation des centres de santé et écoles dans les camps militaires rappelle crûment le délabrement chronique des infrastructures d’accompagnement social.
Cette séquence humaine révèle les deux faces d’une même médaille. Si le ministre a su incarner une présence réconfortante, son passage aura aussi mis en lumière l’ampleur des négligences accumulées. Les promesses de soutien aux familles de militaires tiendront-elles face à la bureaucratie et aux budgets absents ? Entre les discours de fermeté aux frontières et les attentes sociales sur le terrain, l’équation sécuritaire demeure insoluble. La véritable bataille commence maintenant : transformer ces exhortations en actions concrètes. Car sécuriser la frontière RDC-RCA exige plus que des mots – il faut des moyens, une coordination régionale, et une justice impitoyable contre les prédateurs fonciers. L’avertissement de Kabombo résonne comme un ultimatum : la nation ne peut plus se permettre de faillir sur son flanc centrafricain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
