Comme une onde de choc traversant le fleuve Congo, le titre tant attendu ‘Wenge Politica’ a enfin déferlé sur la scène musicale congolaise dans la nuit du 21 juin 2025. Porté par les voix jumelées d’Alesh et Zozo Machine, ce morceau incendiaire frappe par son audace, mêlant avec une maestria troublante critique sociale et rythmes envoûtants. Qui aurait cru qu’une mélodie pourrait ainsi secouer les consciences kinoises avec autant de force ?
Dès les premières notes, le ton est donné : une basse lancinante épouse le rythme saccadé des réalités politiques, tandis que les voix des artistes, tantôt douces comme du velours, tantôt acérées comme des lames, dépeignent sans concession les dérives d’un système à bout de souffle. « Weng’eza politik, politik’eza Wenge… » – cette formule-choc, répétée comme un mantra révolutionnaire, résonne telle une claque artistique en plein visage des élites. Le parallèle entre l’univers impitoyable de la Wenge Musica et les arènes politiques congolaises s’impose avec une évidence douloureuse.
L’écriture, d’une poésie corrosive, déploie ses métaphores comme des flèches empoisonnées. Lorsque les artistes chantent « Deux religions, mais na même Dieu », c’est toute la duplicité des alliances changeantes qui est fustigée. On perçoit presque la sueur des combats d’influence, l’amertume des trahisons, le vacarme des ambitions démesurées. La musique devient ici miroir des anti-valeurs : opportunisme, fanatisme aveugle, culte de la personnalité – ces maux qui rongent autant les scènes que les hémicycles.
La force de cette musique engagée RDC réside dans son universalité. Sans nommer de cible précise, Alesh et Zozo Machine frappent au cœur des comportements toxiques qui transcendent les sphères. Leur critique acerbe du Wenge Politica n’épargne personne : ni ces artistes transformés en courtisans, ni ces politiciens oubliant leurs promesses une fois au pouvoir. La mélodie, envoûtante comme un serpent boa, enlace l’auditeur avant de dévoiler ses crocs avec la ligne « Une fois ministre ou DG, le peuple devient fantôme » – une vérité qui brûle les oreilles autant qu’elle caresse l’âme.
Sur les réseaux sociaux, l’effet est immédiat : une marée d’acclamations submerge déjà les plateformes. Les mélomanes saluent ce courage artistique rare, cette capacité à transformer la colère en hymne générationnel. N’est-ce pas là le véritable pouvoir de la musique congolaise ? Celle qui ose dire tout haut ce que le peuple murmure dans l’ombre des maquis. Le titre fonctionne comme une catharsis collective, exorcisant par les notes ce que les mots seuls ne parviennent plus à exprimer.
Dans ce paysage musical parfois aseptisé, Alesh Zozo Machine offrent avec ‘Wenge Politica’ un antidote puissant. Leur création, à la fois miroir et marteau, ne se contente pas de dénoncer – elle reconstruit par la beauté de son arrangement. Les cuivres jubilatoires semblent annoncer l’espoir, tandis que les percussions rappellent l’urgence du changement. Voilà sans doute le chef-d’œuvre engagé que la RDC attendait, un pont sonore entre dénonciation et renaissance, entre tradition musicale et révolution des consciences. Quand l’art ainsi se fait lance-flammes, qui pourrait rester insensible à son brûlant appel ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
