Ce 20 juin, alors que le monde célèbre la Journée mondiale des réfugiés, la République démocratique du Congo vit un double drame humanitaire. Comment un pays qui voit fuir plus d’un million de ses enfants sous la pression des conflits armés peut-il simultanément offrir refuge à près de 500 000 âmes en détresse ? Cette contradiction cruelle interroge notre humanité collective.
Dans le Nord-Kivu, épicentre de la crise humanitaire, la mécanique du rapatriement tente de s’organiser. La tripartite Rwanda-RDC-HCR, ce cadre fragile d’espoir, poursuit ses activités malgré les défis immenses. Pierre Atchom, représentant intérimaire du HCR, confirme à Congo Quotidien : « Le gouvernement congolais a sollicité une réunion de la commission tripartite. Nous travaillons pour nous retrouver prochainement à Genève ou Addis Abeba ».
Les chiffres révèlent l’ampleur du chemin à parcourir. En 2024, seulement 177 réfugiés congolais sont rentrés de pays comme l’Afrique du Sud, la Namibie ou le Burundi. Un retour au compte-gouttes qui contraste avec les flots de déplacés fuyant quotidiennement les violences. « Nous collaborons avec la Commission nationale pour les réfugiés pour faciliter ces retours », précise Atchom, dans un contexte où chaque rapatriement ressemble à un parcours du combattant administratif et sécuritaire.
L’autre face de cette médaille humanitaire concerne les réfugiés externes sur le sol congolais. Près de 4 000 personnes, essentiellement des Congolais, Burundais et Rwandais, ont pu regagner leur pays d’origine cette année. Mais ce chiffre reste dérisoire face aux centaines de milliers qui survivent dans des camps surpeuplés du Kivu. Que deviennent ces familles suspendues entre l’exil et un retour incertain ?
La Journée mondiale des réfugiés sonne comme un rappel cruel : la RDC demeure à la fois victime et sauveur dans cette crise régionale. Alors que les discussions de la tripartite Rwanda-RDC-HCR s’annoncent déterminantes, les communautés attendent des actes concrets. Le rapatriement ne se décrète pas dans les capitales étrangères ; il se construit dans la sécurité retrouvée des villages et la confiance restaurée entre voisins.
Derrière les statistiques se cachent des réalités humaines déchirantes. Des enfants nés dans l’exil qui ignorent la terre de leurs ancêtres. Des vieillesses qui s’éteignent loin des rives du fleuve Congo. Cette crise des réfugiés congolais n’est pas qu’un défi logistique : c’est une question de dignité nationale et de justice sociale. À quand une solution durable pour ces millions d’âmes en suspens ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
